InfoSoir : A l'heure où la Sntf œuvre à la modernisation de son réseau, les actes de vandalisme ne cessent de se multiplier. Quel constat faites-vous de la situation ? Abdelwahab Aktouche : Effectivement, les nombreux actes de malveillance signalés ont un réel impact négatif sur la ponctualité des trains. Et ce sont les usagers qui en subissent les conséquences. On enregistre, par exemple, des vols sans arrêt sur une journée de voyage, ce qui oblige le train à marquer des temps d'arrêt qui n'étaient pas prévus. Et le train ne s'arrête que dans une situation extrême qui viendrait perturber son fonctionnement. On a également noté des actes de vol au niveau du système de signalisation, en particulier les câbles électriques... Là aussi le train s'arrête pour ne pas percuter un autre train. Les vols sont récurrents et nous sommes dans l'impossibilité de surveiller l'intégralité du réseau. On constate aussi le vol de matériels de la voie, surtout par des vendeurs de ferraille. Et le jet de pierres vient clôturer la panoplie de ces actes de vandalisme que certains qualifient de phénomène de société... A mes yeux, c'est incompréhensible de voir des gens trouver un malin plaisir à jeter des pierres sur un train. Les chiffres relevés démontrent clairement que le phénomène est en nette progression. Ainsi, en 2009, le nombre de jets était de 210, ce qui a causé 24 blessés parmi les agents et 26 parmi les voyageurs, contre 157 jets en 2008 qui ont causé 23 blessés parmi les agents et 28 parmi les voyageurs. Et ce n'est pas tout. Des malfaiteurs s'amusent même à placer des objets sur la voie ferrée, comme un tronc d'arbre et de grosses pierres pour provoquer une déviation de la locomotive... Comment la Sntf prévoit-elle la sécurisation de son matériel et de ses clients ? La Sntf dispose de toute une direction de la protection du patrimoine qui prend en charge la sécurisation des passagers au niveau des gares. Les gares sont équipées de portiques détecteurs et des agents sont sur les lieux pour garantir la sécurité. Nous comptons généraliser graduellement ce système de détection, qui coûte très cher. Pour une clôture efficace des gares, qui sont nombreuses à en manquer sur le territoire national, l'Etat a lancé un programme dans ce sens. Une agence a été d'ailleurs engagée pour la réalisation de ces ouvrages sur des centaines de kilomètres. Toutes les gares à travers le pays seront donc clôturées mais à terme. Néanmoins, d'autres types de difficultés émergent. En effet, de nouvelles cités apparaissent à proximité des gares, et la Sntf doit prendre de pareils éléments en considération lors de l'élaboration de ses plans. Quant à la présence d'agents de sécurité, c'est sur les grandes lignes qu'elle est le plus constatée. Nous comptons au total 562 agents accompagnateurs dont ceux qui s'occupent du gardiennage au niveau des gares. L'Etat a même décidé d'engager la Gendarmerie nationale pour protéger les voyageurs et le matériel. La gendarmerie est notamment présente dans la banlieue d'Alger qui compte, à elle seule, 1 000 trains. Compte-tenu de la recrudescence des actes de violence et de vandalisme, nous essayons de procéder à une surveillance accrue surtout aux heures où il y a le plus de risques.