Phénomène n Ces dernières années, on a constaté que l'usage des langues française, anglaise et l'arabe littéraire dans les échanges quotidiens a pris une dimension remarquable. Le français reste sans conteste la langue étrangère la plus pratiquée par les Algériens, aussi bien dans les discussions quotidiennes que les courriers administratifs et personnels. L'anglais et l'arabe littéraire, en revanche, se sont tout récemment invités dans les foyers algériens où ils gagnent progressivement du terrain. L'usage régulier du français est surtout observé dans les centres urbains où cette langue est sur la plus haute marche du podium au sein des familles et sur plusieurs générations. Avec le temps, les petites villes et les hameaux situés à l'intérieur du pays ont fini par voir, parmi leur jeunesse, se répandre l'usage de cette langue au grand dam des aînés. Une progression favorisée par un meilleur niveau d'instruction des jeunes. En effet, contrairement aux années de l'occupation française ou celles post-indépendance où la scolarisation des enfants, en particulier les filles, n'était pas au rendez-vous, la deuxième partie des années 70 a connu un changement notable dans ce domaine. Le taux de scolarisation des enfants ne cesse de s'accroître, notamment chez les filles qui, à partir des années 80 et surtout 90, ont pu intégrer l'université au même titre que les garçons. Ce qui n'a pas été sans conséquence sur la vie conjugale dans notre pays où la plupart des couples disposent d'un certain niveau d'instruction et maîtrisent une langue au moins en plus de la maternelle. Ainsi, dans les familles fondées à partir de la deuxième partie des années 80, la pratique d'une langue étrangère dans les échanges quotidiens relève d'une suite logique de l'enseignement universitaire de cette époque-là. Cet usage d'une langue étrangère a souvent été d'ailleurs d'un grand secours pour les couples qui ne parlent pas le même dialecte ou la même langue maternelle comme dans le cas des couples mixtes. Toutefois, certains parents portent un choix délibéré sur l'usage de cette langue afin de créer «un climat favorable à leur progéniture pour l'apprentissage précoce du français». Un mouvement - ou méthode d'éducation - largement suivi d'autant qu'il est recommandé par les spécialistes en la matière, qui soulignent que l'enfance est sans doute la période la plus favorable à l'apprentissage, des langues en particulier. Toutefois, l'usage exclusif de l'une de ces langues étrangères par certaines familles dans leurs échanges et même au niveau des crèches où vont leurs enfants fait ressortir que ces derniers ne peuvent parler une autre langue que celle pratiquée à la maison ou à la crèche.