Le non-usage de la langue maternelle n'est pas seulement le fait de l'apparition des langues française et anglaise mais aussi de l'arabe littéraire. Généralement utilisée par des milieux islamistes, cette langue pourtant enseignée à l'école algérienne n'a pas manqué de gagner certaines familles algériennes pour remplacer l'arabe dialectal où le dialecte en usage. Connus pour leur rejet des langues étrangères pour les valeurs qu'elles véhiculent qui sont contraires aux préceptes de l'islam, des chefs de famille relevant de cette catégorie ont choisi l'usage exclusif de cette langue. Un choix qu'ils attribuent à leurs convictions religieuses. Abdellah, la quarantaine environ, est père de 4 enfants avec qui il ne communique qu'en arabe littéraire. «Chez moi, la communication se fait exclusivement en arabe littéraire, c'est la langue du Prophète (QSSSL)» «Soubhan Allah !» «C'est une langue propre», signifie-t-il. Pour ce qui est de la dernière partie de sa déclaration, nous avons demandé des explications à Abdellah concernant le qualificatif qu'il a choisi pour faire part des motivations de son choix. «L'arabe dialectal est souillé par des mots qui ne lui sont pas propres. Ce sont des mots français ou anglais qui sont des langues de koufar (mécréants) et moi, je ne veux pas de ça dans ma maison», répond-il. Interrogé sur l'école où sont scolarisés ses enfants, ce père de famille nous fait savoir que faute de moyens financiers, il n'a eu d'autre choix que de les inscrire à l'école publique. «Si j'avais les moyens, je les aurais inscrits à l'école saoudienne. Et si Dieu le veut, à savoir que ma situation financière s'améliore, je n'hésiterai pas à les transférer dans cette école», souligne-t-il.