Résumé de la 1re partie n La vieille fée, furieuse de n'avoir pas été conviée à la fête, prédit que la princesse mourrait en se perçant la main avec un fuseau... «Je file, ma belle enfant !» lui répondit la vieille qui ne la connaissait pas. — Ah ! que cela est joli ! reprit la princesse. Comment faites-vous ? Donnez-moi le fuseau, que j'essaie d'en faire autant. Elle n'eut pas plus tôt pris le fuseau - elle était fort vive, un peu étourdie, et d'ailleurs l'arrêt des fées l'ordonnait ainsi - qu'elle s'en perça la main et tomba évanouie. La bonne vieille, bien embarrassée, crie au secours : on vient de tous les côtés ; on jette de l'eau au visage de la princesse ; on la délace; on lui frappe dans les mains ; on lui frotte les tempes avec de l'eau de la reine de Hongrie... mais rien ne la fit revenir. Alors le roi, qui était monté au bruit, se souvint de la prédiction des fées, et jugeant bien qu'il fallait que cela arrivât, puisque les fées l'avaient dit, fit mettre la princesse dans le plus bel appartement du palais, sur un lit en broderie d'or et d'argent. On eût dit un ange - tant elle était belle - car son évanouissement n'avait pas ôté les couleurs vives de son teint : ses joues étaient incarnates et ses lèvres comme du corail ; elle avait seulement les yeux fermés, mais on l'entendait respirer doucement, ce qui montrait bien qu'elle n'était pas morte. Le roi ordonna qu'on la laissât dormir jusqu'à ce que son heure de se réveiller fût venue. La bonne fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans, était dans le royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque l'accident arriva à la princesse, mais elle en fut avertie en un instant par un petit nain qui avait des bottes de sept lieues (c'était des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d'une seule enjambée). La fée partit aussitôt, et on la vit arriver au bout d'une heure dans un chariot tout de feu, traîné par des dragons. Le roi lui alla présenter la main à la descente du chariot. Elle approuva tout ce qu'il avait fait, mais comme elle était grandement prévoyante elle pensa que lorsque la princesse viendrait à se réveiller elle serait bien embarrassée toute seule dans ce vieux château. Alors,voici ce qu'elle fit : elle toucha de sa baguette tout ce qui était dans ce château (hormis le roi et la reine), gouvernantes, filles d'honneur, femmes de chambre, gentilshommes, officiers, maîtres d'hôtel, cuisiniers, marmitons, galopins, gardes suisses, pages, valets de pied ; elle toucha aussi tous les chevaux qui étaient dans les écuries avec les palefreniers, les gros mâtins de basse-cour, et Pouffe, la petite chienne de la princesse, qui était auprès d'elle sur son lit. Dès qu'elle les eut touchés, ils s'endormirent tous, pour ne se réveiller qu'en même temps que leur maîtresse afin d'être tous prêts à la servir quand elle en aurait besoin : les broches mêmes qui étaient au feu, toutes pleines de perdrix et de faisans, s'endormirent, et le feu aussi. Tout cela se fit en un moment ; les fées n'étaient pas longues à leur besogne. Alors le roi et la reine, après avoir embrassé leur chère enfant sans qu'elle s'éveillât, sortirent du château, et firent publier des défenses à qui que ce soit de s'en approcher. (à suivre...)