Injustice On a refusé de lui donner la main de celle qu?il a aimée, pour la simple raison qu?il boite. Triste mais vrai, c?est l?histoire du jeune Fouad, 28 ans, qui garde encore des séquelles de sa polio. Fouad habite à Bab El-Oued. C?est un bel homme. Des grands yeux noirs et un corps athlétique. Licencié en économie depuis quelques années, Fouad exerce passionnément son métier dans une banque à Alger. «On s?est follement aimés durant un an, lorsque nous avons souhaité nous marier, sa famille s?est opposée vu que je boite. On ne s?attendait pas à un tel refus de la part de sa famille. On ne voulait pas de moi. C?est drôle, des gens pareils existent encore ! Heureusement que je suis fort de caractère et que j?ai appris à dépasser ces idées rétrogrades.» Pourtant, la mère de Fouad, blessée profondément, a longuement pleuré, elle a même appelé la famille de la prétendante pour défendre son enfant et dire que c?est un homme qui a réussi sa vie mieux que d?autres et que son handicap n?a jamais entravé son chemin. «À la maison, il n?y avait aucune distinction entre moi et mes frères. Si je faisais des bêtises, j?avais droit à la fessée. Mes parents ne m?ont jamais traité comme un incapable ou un assisté.» Bout-en-train, Fouad pratique de nombreuses passions, comme le sport et la musique. Ainsi, il part à la plage, fait des escalades ou des promenades dans la nature à Tikjda, où sa famille passe souvent les vacances, il joue aussi au foot. «La meilleure défense c?est l?attaque. Même si les gens sont méchants, je ne leur donne jamais l?occasion de me faire des reproches. Ils doivent m?accepter comme je suis. En été, je m?habille en short, en maillot, même si mon handicap est apparent. Je suis comme les autres, je ne vois pas où est la différence !» Fouad a une foule d?amis et ne se prive pas. «Il m?est arrivé de tomber, de glisser et de me marrer ! C?est la rue qui m?a instruit. À force de voir les injustices, on devient avocat, psychologue, sociologue. C?est la meilleure école.» L?année dernière, Fouad a fait plusieurs traversée dont l?escalade du plus grand sommet de l?Algérie, les mont de Djurdjura et de Tala Guilef. «Je fais du ski, je danse beaucoup et je drague même», révèle-t-il. C?est également un artiste, car depuis treize ans, il est membre d?une association de chant andalou, et il s?adonne librement à cette passion...