Irrévocable n Plus de répit pour le marché informel et le commerce illégal qui prolifèrent depuis quelques décennies dans une impunité totale au vu et au su de tous. A quelques mètres de la mosquée Ketchaoua, après l'éradication du marché informel de la place des Martyrs, on constate clairement que les ruelles ont été complètement «libérées». C'est le cas également de la grand rue qui longe la place publique, qui était squattée tous les soirs par des marchands à la sauvette de vêtements d'occasion, de cosmétiques, de livres, d'appareils électroménagers d'occasion, et de nombreux autres articles. Parmi les commerçants du quartier, les avis divergent. Si certains applaudissent la délocalisation de ce marché, d'autres en revanche voient en son éradication une perte en raison des clients nombreux qui venaient des localités environnantes pour s'approvisionner en produits bon marché. Cependant, la majorité a exprimé son soulagement arguant que les embouteillages dans les artères et la concurrence déloyale imposée, à eux commerçants déclarés, étaient devenus insoutenables. Les marchands de l'informel arrivaient, en effet, à écouler à bon prix et rapidement de nombreux produits... «Quoi de plus normal lorsqu'on ne paye ni impôts ni frais de location. Les marchands ambulants qui venaient s'installer en face de nos magasins, nous ‘'volaient'' nos clients en leur offrant des produits meilleur marché. Mais de très mauvaise qualité et souvent contrefaits», raconte un vendeur de produits cosmétiques. Outre le blocage quasi permanent du trafic routier et même pour les piétons, la grande affluence qui caractérise ces marchés informels est généralement accompagnée d'actes répréhensibles en tous genres : vols à la tire, bagarres... Néanmoins, nombreux sont ceux qui affirment être prêts à supporter tous ces désagréments pour la simple raison que le marché informel est le gagne-pain de dizaines de familles et contribue à absorber le chômage de plus en plus croissant. «Beaucoup de jeunes travaillent ici pour subvenir aux besoins de leurs familles. A présent que le marché est éradiqué, ils sont voués au chômage...», se désole une cliente qui avait l'habitude de faire ses emplettes dans ce quartier. «À mon avis, c'est la délocalisation de ce marché qui risque de multiplier les vols et de pousser ces jeunes à la délinquance», estime-t-elle. «La délocalisation de ce marché était pourtant inévitable, pensent d'autres personnes interrogées, vu tous les désagréments qu'ils causaient. Toutefois, les pouvoirs publics devraient trouver des alternatives à tous ceux qui ont perdu leur gagne-pain, particulièrement les pères de famille qui n'ont pas d'autres ressources et qui ont des bouches à nourrir.»