Résumé de la 2e partie n Chantecler, le seul coq de la basse-cour, s'est évanoui. Comment faire pour le ranimer ? Vite, maman, apporte-moi un stylo à bille. Même un qui ne marche plus ! La maman ne comprend pas pourquoi il faut ce stylo, mais elle n'a pas le temps de poser des questions. Emilie, après avoir raccroché le téléphone, se précipite vers Chantecler toujours sans connaissance au milieu des poules qui l'entourent respectueusement. On dirait les épouses d'un harem qui assistent, désolées, à l'agonie de leur seigneur et maître. émilie n'a pas la patience d'attendre le stylo à bille. Chantecler est une grosse bête. Si elle veut lui faire du «bouche-à-bouche», il va être trop lourd à soulever et à maintenir. Autant le laisser sur le sol. Alors c'est Emilie qui se couche dans la poussière. Elle entrouvre le bec du coq, délicatement mais rapidement, et elle se met à souffler de l'air dans ses poumons. Comme elle l'a vu faire au cours de secourisme de la paroisse... Doucement, régulièrement. Quand elle ne souffle pas, elle presse le bréchet du coq pour expulser l'air des bronches. Et le miracle a lieu. C'est la crête de Chantecler qui indique ce qui se passe : — Maman, regarde, sa crête change de couleur. Elle était presque noire et elle tourne au rouge foncé. Après le rouge foncé, c'est la couleur bordeaux, puis un rouge clair. Le rouge de la vie qui revient... — Ça y est ! Il a repris ses esprits ! Chantecler se remet soudain sur ses pattes et s'ébroue un peu. On dirait presque qu'il va lancer son cri du matin. Mais non, il s'éloigne simplement, d'un air de dire : — Où suis-je ? Qu'est-ce qui m'est arrivé ? Dorénavant, Chantecler ne quitte plus Emilie d'une semelle. De toute évidence il a compris qu'elle lui avait sauvé la vie. Et ce qui est le plus amusant, c'est de voir comment il se comporte à l'heure des gouttes : alors qu'il faut attraper chaque poule et lui fourrer la seringue dans le bec, Chantecler se conduit en «grand garçon». Il se tient bien sage sur le perchoir. Et en voyant arriver la seringue, il ouvre spontanément un large bec... Pendant que les gouttes glissent dans son gosier, il regarde Emilie fixement, les yeux dans les yeux. Pas de doute, il lui dit silencieusement : «Merci, Emilie, tu m'as sauvé la vie...» Emilie est ravie d'avoir sauvé son coq. Maintenant, l'épidémie de rhume n'est plus qu'un mauvais souvenir. Toutes les poules, sauf celles qui sont passées à la casserole, entourent Chantecler de leur admiration fervente. Lui est devenu gros et gras, plus beau encore qu'avant sa maladie. Tous les matins, Emilie se sent fière de Chantecler car il possède un plumage superbe, en particulier deux magnifiques plumes plantées dans le croupion. Leurs couleurs mordorées sont magnifiques. Emilie, en admirant ces deux plumes, se dit : «Si j'osais, je lui arracherais bien. Elles seraient superbes dans un vase, avec des fleurs séchées. Mais, pauvre Chantecler, je ne peux pas lui faire ça. Je ne peux pas lui martyriser le croupion. Ça ne serait pas gentil.» Chantecler comprend-il la convoitise d'Emilie ? En tout cas, un matin, au beau milieu du poulailler, Emilie trouve, en allant ramasser les œufs tout frais pondus, deux des belles plumes de Chantecler, délicatement posées dans la paille comme un cadeau discret.