Manquement n Les autorités publiques n'ont pas pris en compte les besoins vitaux des citoyens avant de procéder à leur relogement dans les nouvelles cités. Plusieurs opérations de relogement ont été effectuées ces derniers temps à Alger. L'objectif était de mettre un terme au calvaire que vivaient des familles ayant longtemps occupé des gourbis ou des bidonvilles dans différents quartiers. Malheureusement, les milliers de citoyens relogés, qui rêvaient de mener une vie décente dans leurs nouvelles cités, ont eu la mauvaise surprise, une fois sur les lieux, de constater que les structures d'accompagnement nécessaires, comme les écoles, les dispensaires, les transports, et les marchés, faisaient cruellement défaut. Le problème de logement définitivement résolu, leur parcours du combattant n'est, lui, pas encore achevé. Aujourd'hui, ils doivent faire face à des difficultés ayant trait à la scolarisation de leurs enfants, la prise en charge médicale, le manque de transports…. Ces pauvres familles font, en effet, les frais de l'empressement des autorités de construire des immeubles sans aménagement urbain. Et les conséquences sont lourdes. Le lancement de projets allant dans ce sens est néanmoins annoncé et les habitants n'ont d'autre choix que de prendre leur mal en patience… «Nous étions parqués dans des bidonvilles. Imaginez les gros problèmes d'hygiène, de sécurité et de confort auxquels nous avons été confrontés. Mais même dans des conditions de vie aussi difficiles, tous les services nécessaires étaient disponibles. Aujourd'hui, les nouveaux appartements sont là sans aucune commodité. Nous avons vraiment du mal !», déplorent à l'unanimité les nouveaux occupants des cités à Tessala El-Merdja et Birtouta. Les opérations de relogement ont été effectuées à un rythme accéléré, comme si les autorités avaient hâte d'en finir avec un dossier qui les a longuement préoccupées. En l'espace de quelques semaines, plusieurs bidonvilles ont été rasés, après avoir «casé» les habitants dans de nouvelles cités. L'urgence a été justifiée, par certains responsables, par le souci d'éviter aux occupants des bidonvilles de passer un autre hiver sous la tôle. Cela pardonne-t-il pour autant le grave manquement constaté dans la mise en place des structures nécessaires pour permettre à ces habitants de mener une vie... normale ? N'aurait-il pas fallu penser à leur construction simultanément avec les nouvelles cités ? Encore une fois, précipitation et absence de vision ont caractérisé la démarche des pouvoirs publics dans ce domaine. Les autorités devaient équiper ces nouvelles cités de tous les moyens adéquats. Les responsables n'avaient-ils pas prévu que les citoyens auraient besoin d'écoles, de dispensaires, de marchés… ? Comment ont-ils négligé cet important aspect ? «Pourtant, on entend souvent, dans les discours officiels, parler de la nécessité de mettre à la disposition du citoyen tout le confort pour une vie urbaine décente !», disent des habitants de la nouvelle cité de Birtouta. Par ailleurs, des projets de réalisation d'écoles et de marchés, lancés suite aux réclamations des habitants, «avancent à pas de tortue», déplore un habitant de la cité de Birtouta, qui a accueilli, rappelons-le, les ex-occupants des bidonvilles Doudou-Mokhtar (Hydra) et de Diar-Echems (El-Madania). Les conséquences d'un tel laxisme sont lourdes : des élèves font plus d'une demi-heure de route pour rejoindre des classes de… plus de 50 élèves ; les malades doivent parcourir plus de huit kilomètres pour se soigner à l'hôpital de Draria ; pour une bonbonne de gaz, ils sont obligés de se rendre dans une station-service… C'est un quotidien pénible qu'ils endurent ! Une situation qui aurait pu leur être évitée avec un minimum d'esprit prévisionnel.