Scène n La 5e édition du Festival national du théâtre a démarré hier. Cette manifestation dédiée au 4e art se poursuivra jusqu'au 7 mai. La soirée d'ouverture a été marquée, dans un premier temps, par des performances musicales et chorégraphiques mêlant tournures inspirées du terroir aux expressions contemporaines, et dans un deuxième temps, par une cérémonie d'hommages rendus aux artistes algériens et arabes. Ensuite, le théâtre de Skikda a ouvert le bal de la compétition avec une pièce intitulée Amama Aswar El Madina, un texte de Tankred Dorst, adaptée par Khaled Bouali et mise en scène par Sonia. C'est l'histoire d'une femme, Houria (jouée par Lydia Larini) qui crie sa colère, insulte et crache sur le mur qui la sépare de son mari, enrôlé, malgré lui, dans l'armée de l'empereur pour défendre une cause qui n'est pas la sienne. Elle se dresse par le verbe contre l'oppression et une gouvernance totalitaire. Elle crie sa souffrance et sa haine, sa frustration et son désespoir. La pièce n'a comme décor qu'un panneau en tôle en guise de rempart, celui de la ville. Il sert aussi de frontière, une barrière séparant Houria de son mari. Et au pied de la muraille, le personnage (Houria) parle, raconte et dénonce. D'autres personnages viennent se greffer à elle. Mais elle reste le protagoniste principal : tout le jeu, juste et accrocheur, est focalisé sur elle, lui donnant ainsi cette consistance et cette présence centriste : si les autres personnages qui l'accompagnent dans son jeu sont vêtus de costumes sombres et opaques, elle, au contraire, porte un vêtement clair et coloré : jaune et rouge. C'est juste pour rendre sa présence visible et récurrente, tapante et accrocheuse. Houria, qui s'est illustrée dans une interprétation distinguée (elle a excellé dans la gestuelle et le jeu scénique), revêt alors un caractère prépondérant et occupe une place centrale. Son jeu rend sa présence sur les planches fluide et crédible. C'est un jeu étoffé et pertinent. A noter que durant cette présente édition du festival quatorze troupes représentant les théâtres régionaux et les lauréats de la sélection des coopératives indépendantes présenteront leur production. Cette participation figure dans le «in», c'est-à-dire la compétition. Tandis que dans la catégorie «off» (hors compétition), quatorze troupes participeront, dont six algériennes et huit étrangères (France, Grande-Bretagne, Soudan, Syrie…). Par ailleurs, et en marge du festival, un colloque portant sur le thème «L'emploi du patrimoine dans le théâtre maghrébin» et animé par des universitaires algériens et étrangers aura lieu les 29, 30 et 31 mai, à la Bibliothèque nationale. L'édition 2010 du Festival national du théâtre professionnel, placée sous le signe de la création, porte le slogan «Algérie éternelle». C'est pour dire que la création – à la fois puisée dans le terroir et orientée vers l'innovation – continue. Yacine Idjer