Rien ne semble venir à bout de la cherté de nos marchés. Même le dispositif Syrpalac, mis en place à cet effet en juillet 2008, n'a pas donné les résultats escomptés. Comment aurait-il pu en être autrement puisque ce système met le marché sous l'autorité des propriétaires des stocks, qui décident des quantités à écouler sans le moindre contrôle des pouvoirs publics ? Mais malgré l'échec de ce système, le ministère de l'Agriculture décide de le reconduire. Une situation qui n'a aucun lien avec la saison de la production, puisque les prix s'envolent durant des périodes spécifiques telles que le mois de ramadan ou à l'approche des fêtes religieuses. Cette anarchie, qui règne depuis de longues années, semble loin d'être endiguée à travers les différents dispositifs mis en place à cet effet. En juillet 2008, les pouvoirs publics avaient pris la décision de mettre en place un système de régulation, à l'effet de mettre «définitivement» fin à cette situation de désordre dont la victime n'est autre que le citoyen à faible revenu. Le Système de régulation des prix des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) repose sur le principe d'éponger les surplus de production, de protéger les revenus des agriculteurs et de mettre les quantités stockées sur le marché à des moments étudiés afin de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. Ce dispositif s'est révélé inefficace, en raison de l'absence de tout contrôle de l'Etat sur les prix. Mais, le directeur de la régulation au ministère de l'Agriculture, Ammar Assabah, ne reconnaît pas la défaillance de ce système. «Le dispositif Syrpalac a fait ses preuves. Aujourd'hui pour beaucoup de produits, nous avons constitué des stocks de régulation qui ont permis aux agriculteurs de prendre confiance», a-t-il justifié. Pour lui, les stocks sont tout simplement destinés à rassurer les agriculteurs et les encourager à lancer de nouveaux investissements. «Plus de 26 millions de quintaux de pommes de terre sont actuellement stockés, 4 000 tonnes d'oignons, les viandes rouges 4 000 tonnes et la même quantité pour les viandes. Ces stocks rassurent les agriculteurs pour qu'ils engagent des investissements et le citoyen peut accéder à ces produits à un prix acceptable», a-t-il expliqué, ce matin, sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale. Le stockage des produits est destiné à lutter contre la pénurie, et par conséquent garder les prix à un niveau acceptable. Mais l'absence de contrôle, donne aux agriculteurs une autorité démesurée. M. Assabah le reconnaît clairement. «Ce sont les opérateurs eux-mêmes qui stockent. Ils observent le marché et cela se fait dans le cadre des filières. Au niveau des filières, on cherche à chaque fois le compromis, on cherche l'équilibre des intérêts», a-t-il dit. La conséquence de cette attitude est perceptible sur le marché, car ce sont les propriétaires des stocks qui décident de la quantité à écouler. Et même en cas de pénurie, ils n'hésitent pas à approvisionner le marché au compte-gouttes pour justement…préserver leurs intérêts, à travers des prix hors de portée du citoyen. Et en dépit de tout cela, le ministère persiste à préserver ce dispositif. «Rien ne nous fera revenir en arrière concernant le Syrpalac. On ne va que consolider ce système», a souligné M. Assabah. Moutons de l'Aid : le conseil de Benaïssa Interrogé sur la flambée des prix des moutons à l'approche de l'Aïd El-Adha et les mesures prises pour ramener les prix à un seuil raisonnable, le directeur de la régulation au ministère de l'Agriculture a rappelé l'appel lancé récemment par le ministre Benaïssa à l'adresse des agriculteurs. «Concernant les moutons, le ministre avait demandé aux éleveurs de ne pas vendre avant une semaine de l'Aïd. «Je crois que les éleveurs vont prendre en considération cet appel pour que les prix soient raisonnables», a-t-il dit. Il a, en outre, estimé que les éleveurs ayant bénéficié d'importantes aides de l'Etat devraient écouter le ministre.