Il est bon de rappeler qu'à l'automne 2007 le marché de la pomme de terre était en proie à une tendance à la hausse des prix à la consommation que beaucoup d'observateurs de la place attribuaient au fait que l'offre était insuffisante : les stocks des récoltes de saison (en juin) étant quasi écoulés, le reste vendu au compte-gouttes par les spéculateurs ; celle d'arrière-saison tardant à venir et d'engendrer par là même une tension sur le produit en question. Pour cette année, ce n'est plus le même cas de figure. Aucune tension sur la pomme de terre. Pas d'envolée des prix. Elle a été contenue, certes, par la décision de passer au destockage des tubercules emmagasinés dans le cadre du Syrpalac. Cette arrivée sur le marché a eu vite fait d'annihiler toute tentative de spéculation. Il faut croire que le déséquilibre entre l'offre et la demande qui se manifestait chaque automne n'aura pas lieu cette année. Certes, le marché de la pomme de terre s'est trouvé alimenté par les volumes stockés provenant de la surproduction des récoltes enregistrées au mois de juin dernier, mais aussi, il faut le reconnaître, par l'arrivée précoce ou non de la récolte d'arrière-saison. D'autant plus, comme nous l'ont témoigné des collecteurs, livreurs de pomme de terre que nous avons pu rencontrer lors de notre passage aux marchés de gros de fruits et légumes de la capitale et des wilayas limitrophes, l'apparition de récoltes venant de régions du pays où les agriculteurs autochtones, notamment ceux des Hauts Plateaux, se sont mis à cultiver la pomme de terre et ont commencé à faire connaître leur production, qui, pour le moins, reste d'assez bonne qualité. Ainsi, au niveau des marchés au détail, il est proposé actuellement aux consommateurs de la pomme de terre provenant des aires de stockage et une autre plus fraîche. La plus récente étant vendue, bien sûr, à un prix supérieur à celle qui l'est moins. En clair, la stockée est proposée à 25 DA et celle d'arrière-saison à pas moins de 35 DA dans bon nombre de marchés populaires de la capitale. Toutefois, on peut se poser la question suivante : comment la pomme de terre achetée par les stockeurs à 20 DA/kg est-elle affichée sur les étals à 25 DA/kg ? La réponse viendrait en fait de l'arrivée massive et avancée de la pomme de terre d'arrière-saison et celle de périmètre agricole nouveau de l'intérieur du pays, ce qui a eu un impact certain sur le circuit de la vente. Autre facteur de constance du prix des tubercules de la récolte de juin 2008 : les ménages préfèrent acheter des pommes de terre fraîches, quitte à dépenser quelques dinars en plus. Cette tendance des consommateurs à tourner le dos à la pomme de terre frigorifiée s'explique aussi du fait de son mauvais aspect. Pour en savoir plus sur cette apparence repoussante de la pomme de terre venant des aires de stockage, nous avons demandé l'avis de mandataires et autres commerçants au détail en fruits et légumes, qui ont répondu à l'unanimité : «C'est là le résultat d'un mauvais entreposage.» En d'autres termes, les conditions de «frigorification» n'ont pas été respectées à la lettre. Nos interlocuteurs iront plus loin dans leur appréciation : «Beaucoup de chambres froides sont gérées par des personnes qui n'ont aucune expérience dans le domaine de l'entreposage sous froid». Et de souligner : «Cette carence dans la maîtrise des conditions de conservation ne peut qu'affecter le produit et non pas le conserver, tout au moins avec le même aspect initial, c'est-à-dire lors de son arrivée sur les lieux de stockage.» Partant de ce constat, est-ce à dire qu'une bonne partie des volumes stockés risque de ne pas s'écouler si le produit est avarié ? Nous le saurons dans quelques semaines. Car plus le temps passera, plus la pomme de terre conservée va s'abîmer au point de devenir impropre à la consommation. En tout état de cause, les pertes seront importantes et à charge du ministère de l'Agriculture, propriétaire des volumes stockés veiller, quant aux propriétaires de chambres, ils n'auront rien perdu sinon de ne pas avoir réalisé de gain dans cette opération. Ce qui pousse à dire que, pour la prochaine récolte de juin, la tutelle devra veiller à ce que les stocks respectent les règles d'entreposage pour éviter que des volumes importants de pomme de terre soient contaminés par le pourrissement. Et de là, donner l'occasion aux sceptiques du Syrpalac de défendre leur avis sur la question. Pour l'heure, il s'agit de savoir si le système de régulation du marché mis en place va s'inscrire dans la durée ou sera abandonné par on ne sait quel prétexte. Du côté de son initiateur, à savoir le ministère de l'Agriculture, on affirme qu'il sera institutionnalisé. Cela peut réconforter le consommateur qui se verra à l'abri de toute envolée des prix sur ce végétal. Mais comment se portera le marché quand les rendements et la production seront en net recul ? Un cas de figure à ne pas négliger quand on sait que chez nos agriculteurs il est de tradition de changer de type de cultures s' ils sont subi des pertes pour ne pas avoir écoulé toute leur récolte. Z. A.
121 454 millions de quintaux de pomme de terre entreposés
Selon les chiffres du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, l'opération de stockage de pomme de terre entamée en juillet dernier et clôturée à la fin du mois d'août 2008 s'est soldée par l'entreposage sous froid de 121 454 millions de quintaux. 266 opérateurs ont contribué à cette démarche. Les quantités stockées proviennent de 27 wilayas productrices, soit l'équivalent de 70% de la récolte de saison. Cette même source révèle que le Syrpalac a mobilisé le tiers des capacités nationales de stockage.