Incidence n Pourtant évitable, le cancer du col de l'utérus, est aujourd'hui le 2e cancer gynécologique, le plus fréquent chez les femmes âgées de moins de 45 ans après le cancer du sein. Human papilloma virus est le nom de l'agent pathogène qui provoque le cancer du col, par infection au début, ensuite par croissance anormale et incontrôlée des cellules infectées. Les souches 16 et 18 (Hpv16 et 18) sont responsables de plus de 70% des cancers et les 6 et 11 sont à l'origine d'autres infections comme les condylomes (verrues génitales), à l'origine de séquelles médicales et psychologiques. Il existe, selon le Pr Bouzekrini, environ 200 types de virus HPV, dont ceux oncogènes responsables de certains cancers et ceux non oncogènes, mais responsables de verrues. Dans 85% des cas en phase d'infection, la guérison peut survenir. Mais dans 15% des cas, l'infection persiste pour devenir chronique. Au bout de 2 à 6 ans, la simple perturbation légère se transforme en une grave infection évoluant au bout de 5 à 15 ans vers un cancer invasif, si on n'intervient pas entre 3 à 5 ans. Considéré comme une pathologie fréquente dont le pronostic reste grave, le cancer du col peut, en effet, toucher la femme à la fleur de l'âge et entraîner sa mort. C'est un cancer non héréditaire, cependant le risque de contracter le virus est, lui, présent en permanence. Il faut savoir que le coût moyen de la prise en charge de cette maladie insidieuse est 2,5 millions de dinars par malade et que la mortalité est à 50% à 5 ans. D'ailleurs, selon les statistiques, une femme en meurt toutes les deux minutes dans le monde et toutes les heures dans la seule région d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En Algérie, 3 000 nouveaux cas de cancer du col sont recensés annuellement. Un chiffre affolant ! Pourtant, dans sa phase préclinique, cette maladie est très simple à dépister, selon les spécialités, grâce à de simples tests non agressifs et peu coûteux. Selon le Dr Assia Moussei, cancérologue au Cpmc Mustapha (Alger), le diagnostic précoce permet de réduire la mortalité de 90% et d'obtenir une guérison totale. «Ce type de cancer n'est jamais observé chez la femme vierge, mais plus chez les sujets à activité sexuelle précoce (puberté). Le tabagisme et l'alcool figurent aussi sur la liste des facteurs de risque», éclaire-t-elle. Les mères de plus de 5 enfants sont également sujettes à risque. Dans le cadre de la prévention, le ministère de la Santé a instauré un programme qui repose sur le dépistage systématique et régulier à travers le frottis, qui devrait couvrir toute la population cible, en plus du vaccin pour les filles âgées de moins de 17 ans. Néanmoins, la commercialisation du vaccin qui prévient les infections dues aux virus les plus fréquemment associés au cancer du col de l'utérus est toujours à l'étude. Selon le Pr Bouzekrini, chef de service gynécologie-obstétrique au centre hospitalo-universitaire Pr Nafissa-Hamoud de Hussein-Dey (ex-Parnet) et président de la Société algérienne de fertilité et de contraception (Safec), «c'est un cancer très grave dont la prise en charge est très lourde, car les malades consultent à un stade très tardif. Ce qui complique la prise en charge et explique le taux des décès, de près de 50%, des femmes atteintes du cancer du col utérin dans les 5 années.» «Il faut à tout prix prévenir ces stades tardifs pour une meilleure prise en charge de cette pathologie», note-t-il. Le Pr Ayyach Ghassan, chef de service de gynécologie-obstétrique au CHU de Zéralda, se désole : «C'est honteux que l'on se retrouve avec des cancers du col de l'utérus chez nous. C'est une pathologie évitable par excellence !». La prévalence du cancer de l'utérus est de 9 cas pour 100 000 habitants en Algérie, soit 1 600 nouveaux cas par an et 4 décès/jour, selon le Pr Bouzekrini.