InfoSoir : Quelles sont, à votre avis, les causes de la surcharge dans les hôpitaux ? Le Dr Zegane : A Alger, les choses ne se déroulent pas comme dans les années 70. Avec l'exode rural, le nombre d'habitants a doublé et même triplé. En plus de cela, les établissements hospitaliers d'Alger reçoivent des femmes des 48 wilayas du pays en raison du manque de gynécologues dans les villes où elles résident. D'ailleurs, les médecins rencontrent des difficultés face à cet afflux et il est quasiment impossible de gérer de manière efficace les besoins en soins de toute cette population qui afflue aux services de maternité de jour comme de nuit. De plus, les hôpitaux d'Alger fonctionnent uniquement avec les anciennes structures. Un père de famille qui conduit sa femme sur le point d'accoucher à l'hôpital ne peut pas comprendre ni d'ailleurs accepter qu'on lui dise que le gynécologue est occupé avec un autre cas. Il se met alors en colère et c'est normal. Il ne peut pas laisser sa femme risquer des complications sans réagir. Et c'est là l'ambiance dans laquelle nous évoluons dans les urgences où rixes et insultes sont notre lot quotidien. On compte parfois 40 accouchements par jour, dont une dizaine par césarienne. Les cas gynécologiques par manque de disponibilité sont moins prioritaires comparés aux accouchements. Nous sommes obligés de mettre deux femmes par lit. Tout le personnel paramédical et même les sages-femmes chargées du suivi des grossesses sont dépassées… Quelles sont les solutions, selon vous, pour remédier à ce problème ? De nouvelles structures de santé doivent impérativement être mises en place et des services de maternité réservés uniquement aux accouchements normaux. Seuls les cas jugés très graves seront pris en charge au niveau des services de maternité des CHU. Les cliniques privées règlent-elles le problème ? Vous savez combien coûte un accouchement dans une clinique privée ? Cela dépasse parfois les 400 000 DA. On vous exige de verser des millions alors que la sécurité sociale ne vous rembourse que des miettes. Si l'accouchement avait été couvert par la Caisse nationale de sécurité sociale, beaucoup de couples ne se priveraient pas de recourir au privé. Surtout que dans le public, c'est la débandade ! C'est honteux de voir des femmes accoucher comme des animaux. C'est malheureusement une réalité que nul ne peut contester. Il faut dénoncer les défaillances de ce système de santé. Tout est à revoir ! Je le dis bien, à revoir…»