Le professeur Abdelkrim Soukehal est chef du service épidémiologie à l?hôpital de Beni Messous. Il est également président du Comité national d?hygiène hospitalière. InfoSoir : Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de l?hygiène hospitalière en Algérie ? Pr Soukehal : Il faut savoir d?abord que le concept d?hygiène hospitalière a été inventé il y a 50 ans lors de l?apparition de grandes épidémies. On a conclu à l?époque qu?il fallait améliorer l?environnement hospitalier et ce en s?attaquant aux grands problèmes liés à l?hygiène. L?hygiène hospitalière, c?est précisément la lutte contre les maladies nosocomiales. Qu?appelle-t-on maladie nosocomiale ? Nosocomiale vient du mot latin nosocomium qui désigne l?hôpital. Une maladie nosocomiale est une infection contractée à l?hôpital contrairement à une infection communautaire que le patient a contractée à l?extérieur. Dans le premier cas, c?est la responsabilité de l?hôpital et du personnel médical qui est engagée sur le plan médico-légal. Le malade peut demander réparation s?il s?avère qu?il a attrapé l?infection 48h après son hospitalisation à condition bien sûr que la maladie ne soit ni présente ni en incubation au moment de son arrivée à l?établissement. En chirurgie, on accorde un délai de 30 jours. Qu?en est-il en Algérie ? En Algérie, cet aspect a longtemps été négligé avant que les autorités ne décident de créer le comité national d?hygiène hospitalière en mars 1998. Au mois de novembre de la même année, un arrêté ministériel a institué auprès de chaque établissement de santé, un comité de lutte contre l?infection nosocomiale (Clin) présidé par le directeur de l?établissement et l?ensemble des acteurs médicaux, para-médicaux et administratifs impliqués dans la lutte contre les infections acquises à l?hôpital. Jusqu?à maintenant aucune de ces structures n?est pleinement opérationnelle pourtant chaque hôpital est tenu de surveiller les maladies nosocomiales. Mais les hôpitaux algériens ignorent l?arrêté ministériel. Existe-t-il une politique de lutte contre les maladies nosocomiales en Algérie ? Avant d?en arriver là il faut d?abord faire une enquête épidémiologique nationale. Le Comité national d?hygiène hospitalière effectuera une enquête initiale à la fin du mois en cours ou au plus tard début juillet. Nous ferons ensuite une enquête nationale début 2005. il faut savoir que c?est la première fois qu?une telle procédure sera effectuée en Algérie. Notre objectif est d?identifier le problème pour mettre en place un programme national de lutte contre l?infection nosocomiale. Quelles sont les mesures qui doivent être prises pour éviter la prolifération des maladies nosocomiales ? Pour moi, il y a trois choses à faire, c?est un trépied indissociable. Il faut du matériel adapté, des produits normalisés, c?est-à-dire qui répondent à une norme et un protocole, un ensemble d?actes logiques que l?ensemble du personnel médical doit respecter. On ne peut pas continuer par exemple à se laver les mains dans un hôpital avec du savon en morceau qui est à usage multiple, il faut du savon liquide qui est plus adapté dans un milieu pareil. Les hôpitaux algériens souffrent de l?absence d?une politique de lutte contre les maladies nosocomiales.