La supériorité du niveau d'instruction de la femme comparé à celui de l'homme joue en faveur de la montée de la violence à l'égard des femmes, a souligné, hier, samedi, Marie-France Grangaud, chargée de l'animation du réseau Balsam et de l'exploitation des cas de violences. Elle intervenait lors d'un séminaire organisé avec pour thème : «La restitution des résultats de l'enquête menée par le réseau des centres d'écoute sur les violences contre les femmes». L'enquête démontre que sur les 546 femmes ayant déclaré avoir fait l'objet d'une violence, 24% ont un niveau universitaire et 30% un niveau secondaire. Cela dit l'instruction de la femme ne la protège pas des actes de violences. Aussi 14% de ces femmes violentées ont-elles un travail régulier. En outre, la même enquête démontre que 22% des agresseurs ont un niveau d'instruction moyen, 18% secondaire et 16% universitaire. Selon l'intervenante, la différence dans le niveau d'instruction engendre une frustration de la part de l'homme et de fait une violence. «Ce phénomène risque de se développer», appréhende-t-elle. Elle appuie ses dires sur la présence nettement supérieure des filles au sein des universités, voire des établissements secondaires. On note également que le nombre des femmes mariées par Fatiha figure en tête de toutes les violences recensées. À ce sujet les intervenantes appellent à la mise en application «rigoureuse» de la circulaire interdisant le mariage par Fatiha en l'absence d'un acte de mariage. Selon maître Sadat Fetta, la femme peut éviter un nombre de violences, notamment celles ayant trait à l'interdiction de travailler, en exigeant un contrat de mariage. Ce contrat institué dans le code de la famille de 2005 va obliger l'époux à se conformer aux clauses entendues au préalable, précise-t-elle. Ce séminaire, qui a vu la participation des militantes des droits de la femme, de juristes, d'écouteuses, d'assistantes sociales et autres, coïncide avec l'arrivée demain, lundi, en Algérie, de la rapporteuse onusienne chargée des violences faites aux femmes. Cette dernière devra s'entretenir avec les associations activant dans le domaine. Maître Nadia Aït Zai, avocate et directrice du Cidef (Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme), s'interroge sur le sort du premier rapport onusien établi en 2007 sur la violence à l'égard des femmes en Algérie. Maître Aït Zai souhaite toutefois que ce rapport, réalisé via les centres d'écoute, ne se limite pas au mouvement associatif mais qu'il serve plutôt de plaidoyer pour la modification de la loi.