InfoSoir : Ce créneau reste peu exploité en Algérie… M. Ben Terdeyet : C'est encore un terrain à exploiter, et c'est pour cela que nous organisons cette troisième édition de ce forum. Les acteurs sur place ont déjà fait un travail sur le terrain, mais ils ne peuvent toucher toute la population et ne peuvent aller dans toutes les régions du pays. Et on sait que dans certaines régions notamment dans le Sud, il y a beaucoup de gens qui sont intéressés par les produits islamiques, mais il y a aussi ceux qui ne les connaissent pas donc il y a une demande qu'il faut satisfaire. Il faut qu'il y ait de nouveaux acteurs et que les banques publiques et privées puissent développer des produits pour satisfaire cette demande. L'Algérie a aussi un rôle à jouer en tant que puissance économique dans la région du Maghreb mais aussi en Afrique. Avec ses excédents de liquidités, l'Algérie pourrait devenir le hub de la finance islamique, et on pourrait voir l'émission de sukuk et la cotation de sociétés privées qui aimerait trouver des financements respectueux de leurs valeurs pour leurs activités. La finance islamique pourrait dynamiser le marché financier algérien. Quelles sont les perspectives de développement de ce segment en Algérie ? Elles se font à deux niveaux. D'abord au niveau métier, il faut développer plus d'agences et d'acteurs sur le terrain, et le deuxième niveau c'est l'élaboration d'un programme de formation dans les universités et les écoles et pourquoi pas créer un mastère privé qui permettrait à l'Algérie d'attirer des étudiants étrangers mais surtout former ses cadres. On a besoin de formations pointues qui permettront à l'Algérie de rayonner. Actuellement il y a certains professeurs courageux qui proposent des cours de finance islamique au sein de leurs universités. En outre, il faut réfléchir à rendre la finance islamique vraiment proche des citoyens et réfléchir à des projets de microfinance pour le développement et ce, dans le but de lutter contre la précarité et la pauvreté. Il faudrait également un cadre juridique adéquat… Effectivement, il n'est pas adéquat en matière de reconnaissance des produits, mais on ne peut pas dire qu'il n'y a pas des aménagements. La Banque d'Algérie a tout de même fait des efforts, elle comprend un petit peu ce que c'est que la finance islamique. Maintenant on aimerait communiquer plus facilement sur le cadre réglementaire pour qu'il soit beaucoup plus accueillant surtout pour les futurs acteurs. Récemment, le patron de Cevital a annoncé que son groupe pourrait recourir à la finance islamique... Ce sera une belle expérience, ça prouve qu'il y a des compétences en Algérie et que ça peut marcher. Ça prouve aussi que c'est un financement viable, je salue le courage de M. Rebrab.