Entretien réalisé par Salah Benreguia LA TRIBUNE : Pouvez-vous nous parler d'emblée de la rencontre que vous avez organisée la semaine dernière à l'Ecole supérieure algérienne des affaires ? Fetah Ouzzani : La rencontre d'Alger s'inscrit dans le sillage du déplacement que nous avons effectué en Algérie. C'est un voyage prototype dans lequel on peut être en contact direct avec les entreprises, discuter avec des patrons de sociétés, leur présenter des jeunes pleins d'idées en tête. On est très surpris, car il y a plus de 80 participants. On rééditera le coup, mais en se structurant. C'est-à-dire avec des voyages thématiques sur le secteur du tourisme, de l'agroalimentaire, en partenariat avec les acteurs concernés. Nous ne voulons pas nous substituer aux acteurs intervenant directement dans des secteurs bien précis. Je saisis l'occasion pour faire un appel aux jeunes entrepreneurs de mieux s'organiser, car ils connaissent bien le terrain ici en Algérie. Et s'ils veulent s'internationaliser, ils peuvent compter sur nous, car nous connaissons le terrain là-bas. Qu'en est-il du bilan de votre association après quatre ans d'existence ? Le bilan par rapport à nos objectifs est très positif. Ce n'est pas une entreprise, c'est une association à but non lucratif, et c'est une association qui a pour vocation la mobilisation des jeunes et de les orienter vers l'entrepreneuriat. Créer une entreprise est un acte noble, et notre pays, aujourd'hui, en a vraiment besoin, notamment celles créatrices de richesse, et la motivation peut être puisée dans cet axe. C'est en somme la motivation des membres fondateurs du REAGE. Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ? Et peut-on connaître le programme de l'année 2009 ? Pour les années à venir, notre objectif est de devenir un véritable carrefour de rencontre des Algériens de l'intérieur et ceux de l'extérieur. Aujourd'hui, l'Algérie compte des milliers de cadres, dont une partie se trouve à l'étranger. Le nombre de cadres algériens se trouvant à travers le monde est de plus de 400 000. Nous sommes dans tous les secteurs d'activité et à tous les niveaux. Plusieurs milliers d'ingénieurs activent dans des secteurs qui peuvent intéresser l'Algérie. De ce fait, on peut aider les entreprises algériennes à s'internationaliser, à diversifier notre économie nationale, trouver des partenaires étrangers et c'est notre véritable challenge. Sur ces points, l'Algérie peut compter sur nous. Pour ce qui est du programme de l'année en cours, nous avons des activités mensuellement. Nous organisons des conférences et des dîners-débats. Cette année, on va tenter de réaliser une très grande opération. Le 23 mai prochain, à Paris, on va faire venir un certain nombre de PME et PMI algériennes pour une rencontre avec les cadres algériens établis à l'étranger et, surtout, afin de nouer des relations d'affaires. Egalement, le 7 novembre 2009, en partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, nous organiserons la troisième édition de notre forum annuel. Et là, nous viserons grand. Nous comptons organiser le plus grand évènement algérien dans le monde en rassemblant des milliers de cadres installés aux Etats-Unis, au Canada, mais également en Algérie, pour discuter, monter des projets, rencontrer des entreprises algériennes et internationales implantées en Algérie. Ces cadres diplômés dans des grandes écoles internationales peuvent-ils contribuer au développement des PME, notamment dans le volet ressources humaines ? Absolument. Pour qu'elle puisse se développer, une entreprise a besoin de plusieurs ressources. Les ressources naturelles et financières, l'Algérie n'en manque pas. Pour ce qui est des ressources humaines, il faut encore de la motivation pour faire avancer le secteur des PME. Il y a des pays très avancés, notamment l'Allemagne, l'Italie ou le Portugal, car ils possèdent des PME. L'Algérie dépend terriblement, et le mot n'est pas assez fort, des hydrocarbures. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'urgence aujourd'hui est d'éliminer un certain nombre d'obstacles. Il y a de nombreuses procédures qui ne servent, à présent, à rien, et qui bloquent l'entrepreneuriat. Il y a urgence de diversifier l'économie nationale, et exploiter les richesses autres que les hydrocarbures, notamment le tourisme, l'agroalimentaire, et l'agriculture où des millions d'hectares sont en jachère. Les ressources humaines sont fondamentales. Mais ce qui est plus que fondamental, c'est le cadre institutionnel que les pouvoirs publics doivent poser, pour justement encourager ces ressources humaines. Aujourd'hui, il y a des milliers et des milliers de cadres algériens qui quittent leur pays. Donc, les pouvoirs publics doivent mettre en place les dispositifs de motivation. Il faut également mettre en œuvre des dispositifs incitatifs pour permettre à certains de revenir s'ils le souhaitent, et à d'autres de travailler avec l'Algérie à partir de là où ils se trouvent, par exemple créer des filiales, monter des partenariats.