L'Algérie accuse un retard dans le domaine de la finance islamique. Le marché algérien en la matière n'est composé que de la banque Al-Baraka, créée en 1991, et d'Al-Salam Bank Algeria qui a eu son agrément le 20 octobre dernier. «Dans notre pays, le marché bancaire est dominé par le secteur public à hauteur de 90%, et El Baraka Bank ne représente que 1,8% du marché financier global et 15% du marché financier privé», a argumenté, hier, Zoubeir Ben Terdeyet, P-DG d'Isla Invest lors de son passage au forum d'El Moudjahid. La finance islamique vise à développer une offre bancaire conforme aux règles de l'Islam et représente aujourd'hui plus de 700 milliards de dollars d'actifs gérés dans le monde, selon les principes de la charia. Aussi, elle enregistre une croissance de plus de 20% sur les dix dernières années, a-t-il précisé. Toutefois, les banques islamiques ne représentent que 1 à 2 % du marché financier international, a-t-il regretté, tout en ajoutant que cette capacité va augmenter pour atteindre 1000 milliards de dollars à l'horizon 2010. Par ailleurs, M. Terdeyet a soulevé le problème de manque de compétences maîtrisant les techniques de la finance islamique. Un problème existe dans tout les pays islamiques y compris l'Algérie. A titre d'exemple, au Moyen-Orient, ce sont les Anglais et les Américains qui activent dans ce créneau. «Pour ce qui est de l'Algérie, l'idéal est de créer une spécialité en la matière dans les universités afin de développer des compétences capables de maîtriser les techniques de ce type de finance», a proposé Hider Nacer, directeur des affaires juridiques auprès d'El-Baraka Bank, qui a mis en exergue la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire pour asseoir une place financière islamique solide. Toujours sur le chapitre des insuffisances enregistrées dans le secteur financier islamique en Algérie, le P-DG d'Isla Invest a souligné qu'il y a un double travail à faire : il faut d'abord développer la culture financière, ensuite développer celle de la finance islamique. Avec l'apparition de la crise financière internationale, de nombreux spécialistes en la matière trouvent que la finance islamique peut constituer une alternative au système financier international. Toujours au sujet de la crise financière internationale, M. Terdeyet a indiqué que pour le moment, les banques islamiques ne sont pas touchées par cette crise parce qu'elles n'ont pas connu de subprimes. Cependant, ces banques risquent d'y être touchées si, demain, il y a une récession mondiale, a-t-il dit en substance.