Oran Abandonné, un vieil homme baigne dans une mare de sang, à peine caché par quelques branches de la grande forêt. Nous sommes le 17 décembre 2001. Il fait si froid que les gens sont pressés de retrouver la chaleur de leur foyer. Il n?est que 13 heures. Quelque part, dans un coin caché de la forêt de Misserghine, le corps inerte d?un vieillard gît dans une mare de sang, à peine dissimulé par quelques branches qui dansent au gré du vent. Qui a pu s?en prendre à un homme âgé qui s?apprêtait sûrement à rentrer tranquillement chez lui par ce temps glacial ? Qui a pu s?acharner aussi violemment sur un frêle vieillard, lui assénant plusieurs coups de couteau ? Les services de la gendarmerie examinent le cadavre, qui explique la présence de la Renault Express abandonnée au bord de la route. F. S., âgé de 76 ans, était un vieil homme calme, généreux, dont personne ne se plaignait. De temps à autre, il lui arrivait de se mettre au volant de son véhicule et de rouler, histoire de s?oxygéner les poumons quelque peu fragiles. En cette fatidique journée, F. S. est soudain pris d?une envie pressante ; il stationne alors son véhicule en toute quiétude. Pouvait-il deviner à ce moment-là que sa vie était en danger ? Quelques secondes plus tard, une bande de malfaiteurs, à l?affût de naïfs automobilistes, agresse le vieil homme avant même qu?il ne se rende compte de son imprudence. Il est tué à coups de couteau et abandonné. Les agresseurs prennent ensuite la fuite, s?emparant d?une somme de 10 000 dinars appartenant au défunt. Après une minutieuse enquête, quatre personnes sont arrêtées. G. D., l?un des mis en cause, nie les faits. Cependant, les trois autres reconnaissent leur forfait. Appelés à comparaître le 28 octobre 2003, G. D., 20 ans, nie avoir été l?auteur d?un crime aussi violent. Il reconnaît avoir participé au vol, mais il se dit incapable de commettre un crime. Ses trois complices sont cependant unanimes : G. D. a bel et bien tué le vieil homme en lui assénant plusieurs coups de couteau, essentiellement au niveau de l?abdomen. Le rapport du médecin légiste est formel : F. S. a rendu l?âme à la suite d?une hémorragie provoquée par de multiples coups de couteau, dont deux mortels au niveau du foie et de l?artère fémorale. Après de longues délibérations, la cour condamne G. D. à 20 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire sur la personne d?un vieillard imprudent, comme il nous arrive de l?être tous, souvent !