Plainte n Les boulangers ne cessent de répéter que le coût réel d'une baguette de pain est de 12 dinars au minimum. Les autorités sont formelles : les prix du pain, comme ceux du lait, ne seront pas revus à la hausse. La question n'est même pas à l'ordre du jour «du moins pour le moment», a déclaré, en août dernier, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. S'exprimant devant la presse nationale en marge d'une visite effectuée à l'Inspection des frontières au niveau du port d'Alger, le ministre n'y est pas allé par trente-six chemins pour démentir les informations prêtant au gouvernement l'intention d'autoriser les boulangers à augmenter leurs prix pour pouvoir faire face aux nombreuses charges dont ils doivent s'acquitter. Même s'il a reconnu que certaines revendications des professionnels sont «raisonnables», Benbada n'a pas manqué de souligner que pour les autres, dont bien évidemment celle de l'augmentation des prix du pain, «le moment n'est pas propice pour en parler». «Le dialogue avec les représentants des boulangers reste ouvert» néanmoins, a-t-il ajouté. Ces déclarations du ministre du Commerce viennent confirmer la volonté de l'Etat de continuer à subventionner les prix des produits de première nécessite. «Cela fait partie des choix stratégiques de l'Etat», avaient affirmé à plusieurs reprises des membres du gouvernement. Les boulangers ont beau dire que le coût réel d'une baguette de pain est de 12 dinars au minimum et que le prix pratiqué depuis plusieurs années ne couvre pas toutes les charges, les autorités restent inflexibles. Au rythme où vont les choses, «le métier de boulanger risque d'être déserté car il est de moins en moins rentable», avertissent les représentants des professionnels. Selon eux, pas moins de 3 500 boulangers ont baissé rideau au cours des dix dernières années. Alors que beaucoup parmi les 13 500 encore en activité se sont spécialisés dans les gâteaux et autres pâtisseries, dont les prix ne sont pas administrés contrairement à ceux du pain normal. Pour ceux qui ne le savent pas, le prix du pain n'a pas connu d'augmentation depuis 1996. «Alors que l'inflation a touché tous les produits et nos charges ont augmenté de 60% depuis», a fait remarquer récemment le président de la Fédération nationale des boulangers. Cela dit, la politique de subvention des prix adoptée par notre pays a un coût. Selon certaines sources, quelque 50 millions de dollars sont mobilisés chaque mois pour que le pain demeure accessible au commun des citoyens.