Résumé de la 75e partie n Victoria est au Rameau d'Olivier. Elle a beau observer et, à l'inverse de Mr Dakin et d'Edward, tout lui paraît normal... Au Rameau d'Olivier, on ne se préoccupait que de faire régner la paix entre les peuples. On dissertait là-dessus et on donnait des réunions amicales où l'on ne buvait que des jus d'orange accompagnés de sandwiches aux légumes, économiques et déprimants. Victoria ne voyait autour d'elle ni intrigues ni conspirations. On s'ennuyait ferme mais le plus honnêtement du monde. Des jeunes gens au teint foncé faisaient de temps à autre un brin de cour à Victoria, qui les éconduisait gentiment, d'autres lui prêtaient des livres, qu'elle parcourait et jugeait assommants. Elle avait quitté le Tio Hotel et s'était installée sur la rive gauche du Fleuve dans une pension de famille où vivaient avec elle des jeunes femmes de nationalités diverses et, notamment, Catherine. Victoria avait l'impression que Catherine la regardait d'un sale œil, mais elle n'aurait su dire si c'était parce que Catherine la soupçonnait d'être une espionne ou simplement parce qu'elle était jalouse. Cette seconde hypothèse lui paraissait la plus vraisemblable. On savait que Victoria devait son poste à Edward et Catherine n'était pas la seule à qui la chose déplaisait. De fait, Victoria s'avouait avec chagrin que son cher Edward était beaucoup trop beau. Au Rameau d'Olivier, toutes les filles raffolaient de lui, ce qui était d'autant moins surprenant qu'il se montrait gentil avec toutes. Il avait été convenu que, dans leurs manifestations publiques, Victoria et Edward ne laisseraient pas deviner ce qu'ils étaient l'un pour l'autre. Edward se comportait avec Victoria comme avec toutes les jeunes femmes de la maison, à cette différence près qu'il se tenait à son égard sur une réserve marquée. Si Victoria considérait les activités du Rameau d'Olivier comme parfaitement innocentes, le fondateur du mouvement, en revanche, lui inspirait des craintes confuses. Une fois ou deux elle avait vu le docteur Rathbone l'examiner d'un air songeur et ce regard sombre, posé sur elle, lui avait causé une curieuse impression de malaise. Elle aurait bien voulu savoir ce que le vieillard pensait d'elle et s'il se doutait de ce qui l'avait amenée au Rameau d'Olivier. Les instructions reçues de Mr Dakin étaient fort précises. Certaines concernaient la façon dont elle devait procéder pour lui faire savoir, le cas échéant, qu'elle avait quelque chose à lui communiquer. Dakin lui avait donné un vieux mouchoir d'un rose fané. Si elle voulait joindre Dakin, elle devait, vers le soir, aller se promener sur la rive du Tigre, ainsi qu'elle le faisait tous les jours suivre le fleuve pendant un certain temps jusqu'à un escalier conduisant à un quai où des barques étaient amarrées, et accrocher un petit morceau du mouchoir rose à un certain clou rouillé fiché dans le mur. Jusqu'à présent, Victoria le constatait avec amertume, elle n'avait rien découvert qui valût d'être rapporté à Dakin. (à suivre...)