Résumé de la 3e partie n Les deux chiens du baron – Brigand et Anton – mangent à satiété les poulardes tombées sur le tapis... Mais quelqu'un d'autre vient de se lever d'un bond, renversant son verre de bordeaux. C'est le baron, époux d'Adèle ; il est le seul à se rendre compte du drame : foin des cristaux, des discours, des poulardes et des tapis persans. Il ne voit qu'une chose : Brigand est en train de s'étouffer. Brigand, son lévrier chéri, est en danger de mort. Le baron se précipite et renverse aussi au passage le valet en livrée ponceau qui en est toujours à frotter ses yeux larmoyants et doublement salés puisqu'à présent des larmes abondantes lui coulent le long des joues. Le baron s'agenouille près de Brigand qui se débat en étouffant, en bavant, en crachant et en gémissant tout à la fois. Anton, indifférent, s'est mis en devoir d'engloutir une seconde cuisse de poularde truffée. Personne ne songe à l'en empêcher... Le baron saisit la gueule de Brigand et la dirige vers lui aucune autre solution que d'extraire, de gré ou de force, l'os qui s'est fiché en travers de la gorge du chien. — Aidez-moi, bon Dieu ! hurle le baron. «Aidez-moi», d'accord mais : à qui s'adresse-t-il en particulier ? Parle-t-il à la belle Adèle ? Elle serait bien en peine de faire quoi que ce soit d'utile, avec ses attaches princières et ses gants de chevreau. Pas assez de force pour tenir la gueule de Brigand ouverte, pas assez de courage, pas assez d'amour des chiens de son époux. Le valet à la livrée ponceau n'est pas payé pour s'occuper des chiens et il a les deux mains occupées à se frotter les yeux. Quant aux invités, ils savent que les bonnes manières interdisent au baron de faire appel à leurs services... Pourtant c'est ce qu'il fait. Le baron se décide à ouvrir tout grand la gueule de Brigand. Il lui semble qu'il aperçoit le pilon de poularde là, tout près, coincé dans le gosier de l'animal, au milieu d'une mousse de salive de sang et de jus aux truffes. — Aidez-moi ! répète le baron plaintivement. Un officier de cavalerie dont les parents possèdent une meute en Sologne se lève et vient à la rescousse. Il maintient les mâchoires puissantes de Brigand ouvertes tandis que le baron essaye d'atteindre le pilon assassin. Impossible : la main du baron, héritée de générations inavouées de paysans et de soldatesque, est trop forte pour entrer dans la gueule du chien qui se débat en hurlant. Il faut que deux autres invités viennent pour maintenir la bête, maculent leurs habits de soirée en s'agenouillant dans le jus de poularde. La baronne, blême comme une morte, se dit : «Il faudra les dédommager. Comment ? Je ne vais pas leur envoyer des fleurs ni des chocolats de chez Ladurée. Et si je leur offrais une de mes aquarelles représentant des fleurs ? A moins que nous ne les invitions dans notre loge à l'Opéra...» (à suivre...)