Résumé de la 42e partie n La série de bonnes nouvelles continue. Voilà qu'arrive le vieux marchand qui avait délivré Nôzhatou… Puis ils lui dirent : «Mais comment as-tu été attaqué avec ta caravane ?» Il répondit : «C'est dans le désert ! Des brigands, des Arabes de mauvaise qualité, de ceux qui dépouillent les marchands non armés, m'ont assailli soudain. Ils étaient plus de cent ! Mais leurs chefs sont trois : l'un est un nègre effroyable, l'autre un Kurde épouvantable et le troisième un Bédouin extraordinairement fort ! Ils m'avaient lié sur un chameau et me traînaient derrière eux, quand Allah voulut qu'un jour ils fussent assaillis par les guerriers réguliers qui les capturèrent, et moi avec eux.» A ces paroles, les rois dirent à l'un des chambellans : «Fais d'abord entrer le nègre !» Et le nègre entra. Or, il était laid et ses yeux plus méchants que ceux du tigre. Et le vizir Dandân lui demanda : «Comment t'appelles-tu et pourquoi es-tu brigand ?» Mais avant que le nègre eût le temps de répondre, Grain-de-Corail, l'ancienne suivante de la reine Abriza, était entrée pour appeler sa maîtresse Nôzhatou ; et ses yeux rencontrèrent par hasard les yeux du nègre ; et aussitôt elle poussa un cri terrible et s'élança comme une lionne sur le nègre et lui enfonça ses doigts dans les yeux et les lui arracha en une seule fois, en criant : «C'est lui, l'horrible Morose qui a tué ma pauvre maîtresse Abriza !» Puis, lançant à terre les deux yeux sanglants qu'elle venait de faire sauter comme des noyaux hors des orbites du nègre, elle ajouta : «Loué soit Le Juste, Le Très-Haut qui me permet enfin de venger ma maîtresse de ma main !» Alors le roi Roumzân fit un seul signe ; et aussitôt le porte-glaive s'avança et d'un seul coup, fit deux nègres d'un seul ! Puis les eunuques traînèrent le corps par les pieds et allèrent le jeter aux chiens, sur les décombres, hors de la ville. Après quoi les rois dirent : «Qu'on fasse entrer le Kurde !» Et le Kurde entra. Or, il était plus jaune qu'un citron et plus galeux qu'un âne de moulin et certainement plus pouilleux qu'un buffle resté un an sans se plonger dans l'eau. Et le vizir Dandân lui demanda : «Comment t'appelles-tu ? Et pourquoi es-tu brigand ?» Il répondit : «Moi, de mon métier j'étais chamelier dans la Ville-Sainte. Or, un jour, on me donna à transporter à l'hôpital de Damas un jeune homme malade...» A ces paroles, le roi Kanmakân et Nôzhatou et le vizir Dandân, sans lui laisser le temps de continuer, s'écrièrent : «C'est le chamelier traître qui abandonna le roi Daoul'makân sur le tas de fumier à la porte du hammam !» Et soudain le roi Kanmakân se leva et dit : «On doit rendre le mal par le mal, et doublement ! Sinon le nombre augmenterait des malfaiteurs et des impies qui méconnaissent les lois ! Et nulle pitié en faveur des méchants, dans la vengeance, car la pitié, comme l'entendent les chrétiens, est la vertu des eunuques, des malades et des impuissants !» Et de sa propre main le roi Kanmakân, d'un seul coup de son glaive, fit deux chameliers d'un seul ! Mais ensuite il ordonna aux esclaves de faire enterrer le corps selon les rites religieux. Alors les deux rois dirent au chambellan : «Fais maintenant entrer le Bédouin !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Le soir venu, elle dit : Alors les deux rois dirent au chambellan : «Fais maintenant entrer le Bédouin !» Et le Bédouin fut introduit. Mais à peine sa tête de brigand eut-elle paru dans l'ouverture de la porte que la reine Nôzhatou s'écria : «C'est lui le Bédouin qui m'a vendue à ce bon marchand !» A ces paroles, le Bédouin dit : «Je suis Hamad ! Et je ne te connais pas !» (à suivre...)