Sidi Touati reçoit le prince al-Nasir qui l'invite à quitter sa khaloua pour découvrir sa belle capitale. Il lui en vante les merveilles, mais le saint est indifférent. «Naçiria, s'écrie le prince, c'est la ville que j'ai fait construire et que j'ai embellie ! je l'ai dotée de palais, de mosquées, d'écoles !». Le saint reste silencieux. «Mon palais, le Palais de la Perle, est le plus beau qui ait jamais été construit ! Il demeurera longtemps dans la mémoire des hommes, ainsi que tout ce que j'ai fait construire.» Le saint hoche la tête pour la troisième fois. «Les œuvres humaines sont périssables ! Rien de ce qui se construit n'est appelé à durer… Rien, non plus de ce qui existe sur cette terre, les montagnes, les mers et les déserts ne subsisteront. Tout, absolument tout sera réduit en poussière puis disparaîtra. Seul demeurera Dieu Tout-Puissant.» Al-Nasir est ému par ce discours. «Certes, certes, dit-il, seul demeurera Dieu Très Haut, mais longtemps, longtemps, les hommes parleront de mon œuvre.» Le saint ne répond pas. La voix d'Al-Nasir se fait plus douce. «Je viens pour te demander, ô saint homme, de venir faire une promenade avec moi, sur la baie. Nous monterons sur une colline et tu pourras voir la ville, dans toute sa magnificence ! — Tu vois bien que je suis occupé, lui répond Sidi Touati