Sidi Touati, l'ascète de Béjaïa, s'enferme dans sa khaloua et se consacre exclusivement à la prière et à la dévotion. Le prince al Naçir l'admire beaucoup, mais il s'étonne qu'il ne quitte pas sa khaloua pour découvrir sa ville. Sa ville, ce n'est pas la vieille bourgade d'autrefois, mais al Nas'iriya, la ville aux palais et aux jardins merveilleux. Après avoir écouté ses conseillers, al Nasir leur dit : «Il faut lui montrer al Nas'iriya ! Je veux qu'il voie de ses propres yeux mes réalisations.» Les conseillers sont sceptiques : «Majesté, il ne voudra pas quitter sa cellule. — Même si c'est moi en personne qui le lui demande ? Je veux qu'on me conduise sur l'heure auprès de lui !» On le conduit auprès du saint qui, comme à son habitude, est plongé dans une profonde méditation. Al Naçir, tout-puissant souverain qu'il est, est pris de respect devant l'homme de Dieu qui, ne l'ayant pas remarqué, ne lève pas les yeux vers lui. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'il le voit. «Le salut soit sur toi, lui dit-il — Et sur toi la Miséricorde de Dieu, dit le roi. On m'a parlé de ta piété et je suis venu te voir… — Bienvenue à qui vient au nom de Dieu, dit le saint. — Je suis aussi venu te voir pour te parler de Nasiria !» L'ascète hoche la tête. Il n'a pas l'air d'avoir été convaincu par le prince.