Phénomène n Encouragé par le laxisme des autorités, le phénomène d'appropriation des espaces publics devient menaçant. Un bon nombre de gardiens de parkings sauvages poursuivis par la justice récidivent … Devant la ténacité de ces jeunes, l'ère des parkings sauvages va-t-elle réellement prendre fin ? Pour l'heure, ils sont nombreux à avoir collectionné les procès-verbaux qui leur ont été adressés par la justice pour tenter ensuite de reprendre normalement cette activité illicite. «Cela fait à peine quatre jours que j'ai été embarqué par la police pour ne pas avoir réglé ma contravention», dira Halim, 22 ans, gardien de parking à Alger-Centre. Et d'enchaîner : «Dans cette grande ruelle, il y a au moins 6 parkings et plusieurs gardiens habitant le même quartier et ayant subi le même sort. Moi je suis couvert ici par les agents de police du coin qui m'ont autorisé à travailler afin de faciliter la tâche aux gens qui viennent s'approvisionner au marché et à certains commerçants qui chargent et déchargent leurs marchandises. Il n'empêche que je suis toujours traqué puisque je risque d'être interpellé par d'autres agents au passage.» Attristés par les nouvelles mesures, deux jeunes ont exprimé leur ras-le-bol. «Nous sommes interpellés à chaque fois par la police, j'ai quatre amendes qui me reviennent à plus de 20 000 dinars !» «Où allons -nous trouver du travail ?», dit un autre gardien à la rue Réda-Houhou. Quant à Krimo, il nous dit, timidement : «Je ne suis pas le vrai gardien, je n'ai jamais eu affaire à la police, de temps en temps je viens ici pour bricoler en attendant d'avoir une réponse à mes demandes de travail…» . «Réglementer les parkings ? Quand et comment ?», s'interrogent la plupart des gardiens de parkings questionnés sur le sujet. Certains, en revanche, ont bien accueilli cette instruction qui leur offre la possibilité de travailler dignement dans un cadre réglementaire. En attendant, l'existence même de ces parkings sauvages provoque la colère de nombreux citoyens. «Il faut désormais payer pour stationner devant chez soi, devant une administration publique, un hôpital ou un commerce», se plaint Ahmed, fonctionnaire, avant d'ajouter : «La décision de taxer les usagers à tous les coins de la ville est scandaleuse. Rien ne justifie une telle pression sur le pouvoir d'achat des Algériens.» «Cette rente à vie accordée clandestinement à des particuliers méconnus au détriment du budget du citoyen est un dépassement», dit, pour sa part, un homme d'un âge certain. «Sous prétexte du chômage et «justifié» par le manque, voire l'absence de parkings réglementés, depuis la décennie noire où a commencé le germe de l'anarchie, des jeunes et moins jeunes et même des enfants squattent les places publiques, les trottoirs, les bas d'immeubles, (…) et même devant les cimetières qu'ils transforment en parkings sauvages au vu et au su des autorités publiques. A quand donc une mesure concrète et officielle pour assainir cette situation ?», s'interroge, Linda, enseignante. S. L.