Evocation n L'assassinat de cette personnalité historique par les services spéciaux français est une thèse plausible. Un colloque portant sur la personnalité d'Enrico Mattei, est conjointement organisé par l'ambassade d'Italie en Algérie et le Centre culturel italien, et ce, avec la collaboration de la Direction générale des archives. Les intervenants, des personnalités historiques, ont, tour à tour, retracé l'engagement d'Enrico Mattei en faveur de la Guerre de Libération nationale. En effet, Enrico Mattei, très peu connu pour les Algériens et notamment pour les nouvelles générations, avait soutenu la cause algérienne, comme il avait apporté sa contribution au GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), dans les négociations sur la question du Sahara. «Le GPRA avait fait appel à cette personnalité italienne connue pour ses positions anticoloniales, afin d'apporter son concours à la manière de mener les négociations s'agissant du dossier pétrolier», a souligné Daho Ould Kablia, ancien cadre du Ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG), actuellement ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Il a, en outre précisé que les négociateurs algériens, grâce aux éclaircissements d'Enrico Mattei, avaient réussi à cerner l'enjeu des négociations d'Evian, à savoir la souveraineté de l'Algérie sur le sol et le sous-sol du Sahara algérien. Enrico Mattei est décédé en octobre 1962, deux mois après l'indépendance de l'Algérie, dans le crash de son hélicoptère. Daho Ould Kablia, en s'appuyant sur plusieurs témoignages récents, a estimé que la thèse de son assassinat par les services spéciaux français «serait la plus plausible». Son assassinat est étroitement lié au dossier des négociations sur le Sahara. Ainsi, les positions de Mattei sur le dossier pétrolier algérien lui ont coûté la vie. Car il menaçait en quelque sorte les intérêts de la France en Algérie, après l'indépendance. A ce propos, Daho Ould Kablia a estimé que les services spéciaux français n'avaient «aucun scrupule à éliminer toute personne contrariant leurs plans». Bruna Bagnato, professeur d'histoire des relations internationales à l'université de Florence, a, de son côté, expliqué : «Le soutien en Italie à la Révolution algérienne a débuté en 1955-1956, expliquant cet engagement par la déception des Italiens, suscitée par les événements tragiques de la Bataille d'Alger et l'échec de la politique du gouvernement de Guy Mollet en Algérie.» D'autres intervenants, des moudjahidine, ont témoigné du rôle joué par Enrico Mattei. Ils n'ont pas manqué de souligner «l'importance du rôle tenu par cette personnalité italienne». A noter que l'objectif de ce colloque consiste, selon l'ambassadeur d'Italie à Alger, Son Excellence Giampaolo Cantini, à contribuer à l'écriture d'une page de l'histoire de l'Algérie contemporaine et faire connaître aux nouvelles générations Enrico Mattei.