Résumé de la 109e partie n Une femme, qui prépare un repas pour des travailleurs venus aider son mari, ne résiste pas au fumet de la viande cuite. Elle en mange un morceau. Elle retourne à son travail, le goût de la viande encore dans la bouche. — Vraiment, se dit-elle, je ne comprends pas pourquoi tous ces étrangers vont se régaler de viande, alors que moi et mes enfants en serons privés ! Elle trouve la chose injuste. — Mon époux n'a pas le droit de nous traiter de la sorte ! Alors, forte de son droit, elle retourne à la marmite. — C'est mon droit de goûter à cette viande ! Elle retire un morceau et le mange. — C'est mon droit ! Elle en prend un autre, puis un autre. — C'est mon droit, c'est mon droit ! Puis elle mange goulûment toute la viande. Elle regarde le plat et elle s'écrie : — J'ai mangé toute la viande ! Il n'en reste, en effet, plus rien... Elle porte les mains au visage, comme si elle voulait se griffer les joues, en signe de deuil. — Tout, tout, j'ai tout mangé ! Elle regarde la terrine, un moment plutôt remplie de viande fumante. Il n'y a, au fond, que les os, et des os bien nettoyés… — Mon Dieu, mon Dieu ! comme j'ai été gourmande ! Même les bouts de graisse, même les cartilages, elle les a avalés. Goulûment, voracement, comme une ogresse.... Elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait. Mais les ouvriers, le repas qu'il va falloir leur servir ? Elle sait que les ouvriers ne pensent qu'à ce moment-là, à ce moment où chacun recevra son morceau de viande ! — Mon Dieu, il n'y aura pas de viande ! Son mari va lui demander où est passée la viande, et quand il saura qu'elle l'a mangée, il ne manquera pas de la répudier... Elle s'affole. — Que faire ! Que faire ! Elle regarde autour d'elle. — Qui peut m'aider ? Elle veut appeler sa fille, mais elle se rappelle qu'elle a renvoyé, il n'y a pas longtemps, Aïcha. Et si celle-ci vient, elle ne manquera pas de la gronder. Un chat se met à miauler, espérant qu'on lui donnera les os. La femme s'emporte. — Va-t-en, toi ! Comme il ne part pas, elle lui lance un os. — Tiens, mange ! toi, au moins, on n'aura pas de reproche à te faire ! Elle a une idée. — Et si elle accusait le chat d'avoir mangé la viande ? Mais elle se dit que cela ne l'excusera pas : son mari lui reprochera de s'être montrée négligente et la répudiera quand même. (à suivre ...)