Résumé de la 6e partie n Les os de l'enfant, sacrifié par ses parents et mangé par les travailleurs bénévoles, se sont mués en oiseau. Un oiseau qui est venu rappeler le crime dont il a été victime ! On connaît une autre version de ce récit. Le cadre est le même ainsi que les personnages, mais ici, le père n'est pas culpabilisé : au contraire, il défend son enfant. Autrefois, dit la légende, la viande coûtait cher et on n'en mangeait qu'aux grandes occasions, les mariages ou alors l'Aïd el-adha où on égorgeait le mouton dont la viande était, en grande partie, salée et conservée. Un homme a convoqué une touiza, travail d'aide communautaire et, comme l'exige la tradition, il doit offrir aux hommes venus l'aider un bon repas. Le bon repas, à l'époque, c'était un couscous à la viande. L'homme s'est levé de bonne heure et s'est rendu au marché: il a acheté tout ce qu'il faut comme légumes et surtout un long chapelet de viande. De la bonne viande de bœuf, coupée en gros morceaux. La femme s'exclame : — Toute cette viande ! Et dire qu'elle sera mangée par des étrangers ! — N'oublie pas que ces étrangers viennent travailler pour nous ! — Ne pouvons-nous pas enlever quelques morceaux pour nous ? — Non, dit l'homme, elle est pour la touiza, je t'interdis d'y toucher ! — Et pour les enfants ? — Eux non plus n'y ont pas droit ! Il s'en va accueillir les ouvriers tandis que la femme s'apprête à faire cuire le couscous et la viande. Elle remplit à moitié sa grande marmite d'eau, la sale et l'épice, puis coupe les légumes et les y ajoute, puis c'est le tour de la viande. Elle porte les morceaux à son nez et les hume. — Ah, comme c'est bon... Il y a longtemps que nous n'en avons pas mangée ! Elle soupire. — Et dire que ce sont des étrangers qui vont se régaler ! Elle laisse la marmite sur le feu et vaque à ses affaires, toujours hantée par le désir de manger la viande. Un fumet délicieux lui indique que la viande est cuite ou presque. Elle abandonne son travail et va voir. Elle retire le long chapelet de viande, tout fumant. Elle en arrache un petit bout et le porte à la bouche. — Hum...c'est cuit ! C'est bon ! Mais elle la laisse encore un peu, pour qu'elle s'imprègne de la sauce. — Ils vont se régaler, soupire-t-elle Elle retourne à son ménage. Heureusement, pense-t-elle, que les enfants ne sont pas là : ils auraient certainement convoité cette belle viande qui exalte un si bon parfum et, elle, elle n'aurait pas manqué de leur donner des petits bouts... Cela bien que son mari le lui ait formellement interdit...«Ah, comme c'est dommage de régaler des étrangers !» (à suivre...)