C'est un véritable cri de détresse que lance cette frange marginalisée de notre société. C'est le calvaire au quotidien avec, au bout, l'indifférence d'un ministère de la Solidarité qui, à ses yeux, n'a de solidarité que le nom. «La principale difficulté est l'accessibilité. Les handicapés sont confrontés à cette difficulté partout, dans tous les lieux publics notamment les hôpitaux, les APC, les trottoirs, mais aussi les transports notamment les bus, les trains et les taxis… Pourtant c'est très facile de faire des aménagements de façon à nous faciliter la tâche, mais les responsables qui sont chargés de cela sont toujours absents», nous a expliqué Kenza Daouadji, secrétaire générale de l'association nationale des handicapés moteurs Ettahadi. «Nous avons un problème d'accessibilité partout même au niveau du ministère de la Solidarité. Vous devez savoir qu'il y a des handicapés qui habitent au 3e ou au 4e étage, donc vous imaginez les difficultés qu'ils rencontrent. Le handicapé souffre au quotidien et le ministère de la Solidarité ne fait rien», a expliqué de son coté, Bouzara Hamza, président de la même association. Hier, les différents intervenants, lors de la conférence organisée par le centre de presse d'El Moudjahid, ont également évoqué «le mépris et le manque de respect» envers les handicapés moteurs. Nous ne souffrons pas particulièrement de notre handicap mais beaucoup plus du regard et du mépris des autres. On nous tue à petit feu», s'est indigné M. Bouzara. Ce dernier a souligné que les différentes lois qui ont été promulguées pour protéger cette frange de la société «sont loin d'être appliquées». «Chaque année, des promesses sont faites, mais il n'y a rien de concret. Les handicapés ont perdu tout espoir. Quand on se présente au ministère, on nous dit : ‘'Aujourd'hui ce n'est pas un jour de réception''», a-t-il précisé. «Le ministère de la Solidarité a toujours était absent», affirme, pour sa part, la secrétaire générale de ladite association. Bouzidi Toufik, un autre membre de l'association nationale des handicapés moteurs, a interpellé les pouvoirs publics pour une meilleure prise en charge des handicapés. «Il y a des lois votées par le Parlement mais qui ne sont pas appliquées. Quel est le rôle des pouvoirs publics dans la prise en charge des handicapés ? Il faut que l'Etat fasse preuve de responsabilité car les handicapés moteurs sont des citoyens algériens à part entière. Nous ne demandons pas la charité, mais nous revendiquons seulement nos droits. Notre pays est riche, mais nous souffrons, nous sommes marginalisés…», a-t-il dit les larmes aux yeux. La secrétaire générale de l'association nationale des handicapés moteurs a, en outre, qualifié la pension allouée à cette frange de la société de «minable» et «dérisoire». «Qu'est-ce qu'un handicapé peut faire avec 4 000 DA par mois ?», s'est-elle interrogée. «On ne peut plus vivre avec 4 000 DA, je défie quiconque qui me dira que cette pension est suffisante pour un handicapé. Nous demandons qu'elle soit ramenée à 15 000DA», a-t-elle déclaré.