Une pension à 12.000 DA, insertion dans le monde du travail et l'accessibilité aux administrations et aux lieux publics sont les revendications majeures de cette frange de la population. Un handicap en cache un autre. La souffrance et le malheur des handicapés ne sont pas dus, seulement, à leur insuffisance mentale et physique. Outre ces désavantages qui compliquent le quotidien de cette frange de la société, ces derniers souffrent des problèmes socio-économiques qui rendent leur vie de plus en plus dure. Paralysés, défavorisés, désavantagés, fragilisés, mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont démobilisés. Ils ne baissent pas les bras. Ils ne pleurent pas sur leur sort. Ils refusent de subir toutes les contraintes qui détériorent leur vie. Le destin a voulu qu'ils soient handicapés, mais pas marginalisés et ignorés. Même en ânonnant, Tewfik Bouzidi, porte-parole de l'association des handicapés moteur Ettahadi (Le défi), veut faire entendre sa voix. Atteint d'une infirmité motrice et cérébrale, M.Bouzidi fait une tournée dans les rédactions des quotidiens pour lancer des appels de détresse au nom de tous les handicapés. A son passage à la rédaction de L'Expression, celui-ci a renouvelé son appel à toutes les parties concernées, dénonçant l'absence de prise en charge sérieuse des difficultés que vivent ces Algériens. La première revendication est liée à la pension. Il juge insuffisants les 4000 DA que leur verse l'Etat chaque mois. «A quoi vont servir les 4000 DA/mois?» s'est-il interrogé. Le hic, même cette pension est versée dans la majorité des temps avec cinq et six mois de retard. Pour pouvoir subvenir à leurs besoins, l'association revendique une pension minimale de 12.000 DA/mois, et versée dans les délais. L'autre préoccupation évoquée par M.Bouzidi porte sur l'accessibilité au marché de l'emploi. La loi obligeant les acteurs du marché de l'emploi à insérer les handicapés dans le monde du travail n'est pas totalement appliquée, selon le même interlocuteur. Pourtant, la loi stipule que chaque entreprise doit réserver 1% de ses postes de travail aux handicapés. Cette disposition reste tout simplement ignorée sur le terrain. «Je peux vous dire que le taux d'insertion des handicapés dans les entreprises est de l'ordre de 0%», confie t-il. Et d'ajouter: «Nous ne trouvons aucune aide de la part des entreprises privées, notamment.» Les moyens de transport non adaptés aux handicapés est un autre souci de cette frange sensible de la population. Cette association réclame, par le biais de son porte-parole, la mise en service des moyens de transport qui s'adaptent aux difficultés physiques des handicapés. A cet effet, ils demandent plus d'écoute de la part de l'administration et plus de compréhension de la part des autorités politiques. Face à ces problèmes et ces difficultés, il est urgent de s'interroger jusqu'où iront les autorités politiques dans la marginalisation de ces citoyens? Et pourtant, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, n'a pas cessé de confirmer qu'on doit assurer la reconnaissance de la dignité des handicapés autant qu'ils sont des membres à part entière de la communauté nationale. Il est temps que cette population soit traitée sur un pied d'égalité que le reste des citoyens. Il est impératif pour la société algérienne d'apporter, à son tour, son aide et son assistance et accompagnement aux handicapés rien que pour leur faciliter la vie et respecter leur dignité. Il est temps de comprendre qu'un handicapé n'a pas un sens de marginalisation et d'ignorance sociale.