Voyage n Le Festival a été un fort moment de rencontre et de découverte, autant pour les personnes que pour de nouveaux sons et instruments. Lors de la 5e édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (du 21 au 30 décembre 2010), le public a redécouvert la musique arabo-andalouse avec des ensembles nationaux ou encore le chaâbi avec Ptit Moh Project, une formation qui privilégie la rencontre de la derbouka, du tambourin et du mandole avec un piano et un saxophone. L'habillage musical est extraordinaire, habile et réussi. Le chaâbi prend des accents jazzy ; et lorsque le gnawi s'en mêle, le public est subjugué, conquis. L'interprétation du chaâbi par Ptit Moh est magistrale et confère à ce genre musical une modernité et une originalité particulières. Outre la musique algérienne, le public, qui s'est réjoui de redécouvrir la beauté et la poésie de la musique classique arabe notamment avec l'ensemble Ornina (Syrie), a pu également découvrir les autres musiques du monde, dite anciennes ou sacrées. Ainsi, le Festival était un fort moment de rencontre et de découverte de personnes et de nouveaux sons et instruments, le tout témoignant d'un héritage musical intact, riche et d'une grande diversité. Il témoigne du patrimoine musical universel aussi bien dans sa grandeur que dans sa splendeur. Celui-ci révèle un haut degré de sensibilité, une connaissance approfondie dans la composition des sons, des intonations, des vibrations comme des airs, et aussi dans le choix des mélodies. Il révèle une sagesse et une poésie. Le festival, qui était, selon son commissaire, Rachid Guerbas, «l'occasion de transcender les frontières géographiques pour découvrir la spiritualité qui nous rassemble et qui s'exprime différemment selon les latitudes», était marqué par les prestations de divers ensembles étrangers. C'est ainsi que le public a pu découvrir Shirin et Ranajit Sengupta qui venaient de l'Inde et qui, par Sarod, un instrument à corde typiquement indien, ont invité le public à une exploration musicale du Khyal, un des nombreux styles de la musique du nord de l'Inde. Le public a aussi découvert la musique ancienne espagnole avec l'ensemble Artemandoline. Celui-ci s'est distingué avec des instruments à corde, à l'exemple de la mandoline baroque, la guitare renaissance et baroque, du mandole baroque, luth renaissance…, par une interprétation authentique de la musique baroque, marquée par sa variété rythmique, sa fantaisie, ses audaces harmoniques et sa sensibilité expressive et également par une exécution rigoureuse de la partition interprétée. Michel Sadanowsky est une autre personnalité ayant marqué le Festival avec sa guitare classique ; interprète et compositeur d'exception, il s'est illustré dans le genre «flamenco-brouwer», un mélange entre l'esprit du flamenco et les techniques de composition et d'exécution les plus modernes et ce, en référence au guitariste et compositeur cubain Léo Brouwer. Le pipa, le luth chinois, était à l'honneur lors du Festival avec Min Xiao Fen ; l'artiste au doigté fin et élégant, a représenté, avec son instrument typique vieux de 2000 ans ; et le temps d'un récital, la musique traditionnelle chinoise, et exprimé en sons son âme comme son imaginaire. Le duo de Pedro Joia et Ricardo Ribeiro était exceptionnel. Tous deux ont interprété, à la guitare flamenca et à la guitare classique, la musique portugaise, tout en mettant en exergue son esprit et son authenticité. Ils ont aussi joué une musique d'aujourd'hui, celle qui, ouverte à diverses influences, est riche en innovation et donc originale. Christina Bellu, une instrumentiste italienne, s'est particulièrement distinguée par un jeu marqué uniquement par le violoncelle qui résumait les subtilités de la musique classique. Son jeu était juste et pertinent, harmonique et parfois mené à son paroxysme. Elle y déployait toute l'intensité émotionnelle et la maîtrise de l'instrument. Quant à François Bonnet, il s'est proposé de nous faire découvrir la beauté et les subtilités du théorbe, cet instrument (un luth imposant par sa taille comme par sa sonorité) qui fut très populaire au XVIIe siècle en Europe et par lequel l'artiste a revisité quelques joyaux de la musique ancienne. Axioma est un duo de guitares venu d'Espagne. Cette formation présente l'avantage de toucher à un large éventail d'œuvres allant de la Renaissance à la musique latine contemporaine. La sonorité de ce duo allie la richesse harmonique à la sensibilité du toucher. Le duo colombien Francisco Orozo et Garido Alvar a abordé la musique ancienne du Moyen-âge, de la Renaissance ou encore du baroque latino-américain ; et ce voyage dans ses sonorités anciennes s'est fait au moyen du luth et de percussion. Ce fut un grand moment de musique.