Publication n Le roman noir d'Ali, tel est l'intitulé du roman d'Abdelkader Ferchiche paru aux éditions Alpha. La trame du roman se déroule durant la Guerre de Libération nationale. L'on est en France, en 1957. C'est l'histoire d'un émigré, Madjid Zahar, qui réside dans la région lyonnaise et travaille dans une exploitation agricole. Son travail n'est, en fait, qu'une couverture pour ses activités clandestines. En vérité c'est un activiste du FLN, militant secrètement pour la cause nationale. Même sa femme, Justine, ignore tout de son militantisme. Tout commence lorsqu'Ali Drabki, un autre émigré, est retrouvé, mort, égorgé. A la suite de cette tragédie, toute la communauté algérienne, indignée, se trouve plongée dans une affliction consternante. Avec l'aide de Jean Fournet, un journaliste, Raoul Blanchard, un inspecteur de police, est chargé de mener l'enquête sur la mort d'Ali. Et pour les besoins de ses investigations, à savoir retrouver le coupable, ce dernier écume cafés, usines et autres fiefs où se réunissent les émigrés algériens. Et comme dans chaque enquête criminelle, des indices suggestifs surgissent, des suspects apparaissent et des hypothèses s'échafaudent. Vu sa trame, le roman se présente comme une histoire policière : un crime, une victime, et des suspects… tous les ingrédients indispensables à la composition d'un polar, s'y trouvent. Ce livre, Le roman noir d'Ali, est davantage une histoire policière, il est aussi un roman décrivant les conditions déplorables, voire misérables dans lesquelles vivaient les émigrés algériens en France dans les années 1950. Ce livre dépeint, en filigrane, la Guerre de Libération nationale, telle qu'elle était menée de l'autre côté de la Méditerranée, en France, par les Algériens émigrés. Ainsi, le roman, s'emploie à dépeindre «un tableau émouvant du contexte de l'engagement des ouvriers émigrés, plongés dans les lourds impératifs de la Guerre de Libération nationale.» Le livre est doublement organisé : deux histoires s'emboîtent l'une dans l'autre ; la première concerne la nature narrative du roman ; c'est un polar. Tandis que la deuxième relève de l'ordre de l'histoire ; et même si ce qui est raconté est une fiction, les événements étant purement imaginaires, cela n'empêche pas d'avoir une idée sur les conditions de vie des émigrés algériens à cette époque de leur militantisme à la cause du FLN, c'est-à-dire sur la manière dont la Révolution algérienne était vécue, menée et même encore perçue. L'auteur développe une écriture allusive à l'histoire, celle notamment concernant les activistes du mouvement du Front de libération nationale. Autrement dit, les situations rapportées et décrites sont librement inspirées de faits divers et réels qui se sont déroulés, note-t-on dans le livre, en 1957 ; ainsi, le roman se révèle le résultat d'une recherche documentaire dans la presse de l'époque en France et en Algérie. Le roman noir d'Ali est le deuxième volet d'une trilogie romanesque, après Ils avaient le soleil pour tout regard, un roman paru également aux éditions Alpha en 2008. Ce roman pose un regard sur la première grande vague d'émigration en France, à la veille du 1er Novembre 1954.