Analyse n Le mouvement de protestation populaire contre la flambée des prix qui perdure depuis quatre jours est légitime, toutefois il doit être pacifique et les manifestants ne doivent pas toucher aux biens publics et privés. C'est ce qu'a déclaré le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Ladh), Mustapha Bouchachi, lors d'un point de presse animé, hier, à Alger, et consacré aux derniers événements que connaît notre pays. «Ce mouvement de protestation populaire contre la hausse des prix des produits alimentaires de large consommation est légitime. C'est un message fort aux pouvoirs publics qui n'ont pas réussi à mettre en place des programmes de développement», a-t-il déclaré, estimant que «cette situation ne doit pas se poursuivre, des changements s'imposent». Selon lui, la protestation populaire qui a pris une tournure grave n'est pas simplement née de la flambée des prix de l'huile, du sucre et de la farine, mais d'un problème plus profond et plus complexe, dû à une accumulation de plusieurs facteurs économiques et sociaux. Il donne l'exemple de l'éradication de plusieurs marchés informels et de commerce parallèle qui faisaient vivre des centaines de familles algériennes. «C'est inconcevable qu'un pays qui dispose de 151 milliards de dollars de réserves connaisse une telle flambée des prix», a-t-il indiqué. Sur un autre plan, il estime que le phénomène de la corruption qui gangrène le pays empêche toute perspective de développement. À ce propos, il expliquera que 50% des contrats d'investissements vont dans la corruption, ce qui induit, selon lui, la cherté de la vie et la dégradation du pouvoir d'achat de pans entiers de la population algérienne. «Outre le divorce entre le système politique et le peuple algérien, la société civile, les partis politiques et les syndicats ne jouent pas leur rôle d'encadrement de la population», a regretté M. Bouchachi, et d'ajouter : «Le pouvoir isole depuis 18 ans la société algérienne.» Selon lui, le pouvoir se soucie très peu de la situation du peuple algérien et de la dégradation de ses conditions de vie, ce qui le préoccupe c'est de durer à tout prix. Ainsi, «le pouvoir assume toute la responsabilité dans ce qui s'est passé et se passe actuellement dans notre pays», a-t-il martelé. Interrogé sur les dérapages enregistrés lors de ce mouvement de protestation, notamment les actes de pillage, de saccage et de vol, M. Bouchachi a mis en garde contre l'excès de violence. Selon lui, ces actes condamnables mettent en cause la crédibilité des revendications légitimes du peuple algérien. «La protestation doit être pacifique et les manifestants ne doivent toucher ni les biens publics ni les biens privés.» S'agissant des arrestations à domicile qui ont eu lieu à travers quelques régions du pays, notamment à Alger et Biskra, une militante de la Ladh propose de leur constituer un collectif d'avocats pour les défendre.