Résumé de la 112e partie n Pour que Victoria lui raconte son aventure, Edward l'emmène à Devonshire, un endroit tout près de Bagdad... J'ai été si malheureux. Elle le remercia d'un sourire. — Bien vrai ? Puis elle parla. Elle n'oublia rien. Elle dit comment elle avait confié ses cheveux à une coiffeuse arménienne, comment elle s'était retrouvée, droguée et malade, dans une maison indigène où elle était tenue prisonnière, comment elle avait réussi à s'évader pour rencontrer peu après un certain Richard Baker, à qui elle s'était présentée comme Victoria Pauncefoot Jones, avant de découvrir que justement il allait rejoindre l'expédition du docteur Pauncefoot Jones. Elle dit ensuite comment, grâce à une bibliothèque bien fournie, elle avait pu jouer très honorablement le rôle d'une jeune étudiante en archéologie, arrivée tout droit d'Angleterre. Edward éclata de rire. — Vous êtes merveilleuse, Victoria !... Les choses que vous pouvez inventer, c'est inimaginable ! Elle sourit, ravie. — N'est-ce pas ?.... Mes oncles, par exemple... Le docteur Pauncefoot Jones et, avant lui, l'évêque... Comme elle disait cela, elle se souvint brusquement de ce qu'elle allait demander à Edward, à Bassorah, quand Mrs Clayton avait interrompu leur conversation dans le jardin. — Ça me fait penser, Edward, qu'il y a longtemps que je voulais vous demander ça ! Comment saviez-vous que je m'étais inventé un oncle évêque ? Elle sentit la main qui tenait la sienne se contracter. Très vite, trop vite, il répondit : — Mais... parce que vous me l'aviez dit ! Elle tourna la tête vers lui. Elle devait plus tard s'étonner qu'une erreur si minuscule, si enfantine, suffit à provoquer tout ce qu'elle devait provoquer. La question avait pris Edward au dépourvu. Il n'avait pas préparé sa réponse et sa mine contrariée laissait deviner qu'il n'était pas très satisfait de celle qu'il avait donnée. Victoria le regardait et, cependant que les souvenirs lui revenaient en foule, la vérité lui apparaissait. Le problème, à vrai dire, avait dû la tracasser longtemps sans qu'elle en eût conscience. Et sans doute était-elle arrivée, par degrés, à la seule, à l'inévitable conclusion... Elle n'avait jamais parlé à Edward de l'évêque de Llangow et les seules personnes qui avaient pu l'entretenir de cet ecclésiastique imaginaire étaient Mr et Mrs Hamilton Clipp. Or, ils ne pouvaient ni l'un ni l'autre avoir vu Edward à Bagdad, Mr Hamilton Clipp étant resté en Angleterre et sa femme étant arrivée à Bagdad, alors qu'Edward se trouvait à Bassorah. C'était donc avant qu'il ne quittât l'Angleterre qu'ils lui avaient parlé de l'évêque de Llangow. D'où il s'ensuivait qu'Edward avait toujours su que Victoria ferait le voyage avec Mrs Hamilton Clipp. Elle avait cru à une merveilleuse coïncidence ! Tout avait été voulu, calculé, combiné... Et, brusquement, elle comprit ce que Carmichaël avait voulu dire en prononçant le nom de Lucifer. Elle savait maintenant qui il avait aperçu au bout du couloir du consulat ! (à suivre...)