Depuis un mois, les émeutes rythment le quotidien des Tunisiens et chaque jour apporte sont lot de violence et de victimes. Malgré l'instauration du couvre-feu, le recours à l'armée et l'annonce de plusieurs mesures d'apaisement, l'accalmie espérée par le pouvoir n'a pas eu lieu. A l'approche de l'heure du couvre-feu qui court de 20h00 locales (19h00 GMT) à 5h30 (4h30 GMT), les passants se sont faits rares dans l'avenue Bourguiba, l'allée centrale de la capitale et ses environs. Les commerces, restaurants et cafés se sont hâtés de fermer, tandis que la police s'était déployée en force. Trois heures après, aucun bruit ne venait troubler la nuit, sinon celui de rares véhicules de la police. Mais des habitants ont indiqué avoir entendu des tirs, des cris, des bruits de verre brisé et la sirène d'une ambulance dans trois banlieues du nord de Tunis. Dans le quartier 5 -Décembre du Kram, des habitants cloîtrés chez eux ont indiqué avoir entendu des détonations qui semblaient provenir de tirs et les sirènes d'une ambulance, environ une heure après l'entrée en vigueur du couvre-feu. A Dar Faddal, dans la même zone, des bruits de tirs ont été également entendus, tout comme à El-Aouina proche, selon des habitants. Il n'a pas été possible de savoir officiellement si le couvre-feu a été respecté ou non dans cette zone d'autant plus que certains habitants, mal informés, ou surpris par cette mesure, n'ont pas trouvé à temps de moyen de transport pour rentrer chez eux. D'autres témoins rapportent par ailleurs que de violents affrontements ont opposé les forces de sécurité à des jeunes dans la banlieue de Tunis dans la nuit de mercredi à jeudi malgré ce couvre-feu. Ces violences se sont produites à environ 15 km du centre de la capitale dans les cités d'Ettadhamen et Intilaka, selon les déclarations de ces témoins «ahuris» par l'ampleur des dégâts «Toute la nuit, on a entendu des tirs, des cris et des bruits de casse», a déclaré une infirmière, qui a expliqué que «les incidents ont démarré hier après-midi pendant un rassemblement qui a ensuite dégénéré en affrontements violents entre forces de sécurité et des jeunes». Des colonnes de fumée s'échappaient encore ce jeudi matin de deux bâtiments et les pompiers étaient à l'œuvre pour éteindre l'incendie dans des rues jonchées de débris. Plusieurs bâtiments de la municipalité, dont les fenêtres ont été cassées, ont été partiellement endommagés et deux voitures calcinées se trouvaient ce jeudi matin devant les locaux de la sous-préfecture. Le ministère de l'Intérieur a justifié le couvre-feu par «les troubles, les pillages et les agressions contre les personnes et les biens, qui se sont produits dans certains quartiers de la ville». Cette décision se justifie par «le souci de protéger les citoyens», a encore expliqué le ministère, qui a précisé que la couvre-feu serait appliqué «provisoirement» dans la capitale, Ben Arous, l'Ariana et la Manouba qui forment le Grand Tunis. Le ministère a encore indiqué que les personnels des urgences médicales et des services de nuit étaient exemptés de cette mesure.