Le discours prononcé, dans la nuit d'hier, par le Président Hosni Moubarak et son annonce du limogeage de l'actuel gouvernement n'ont pas apaisé les manifestants. Les protestations ont repris de plus belle ce matin, pour le cinquième jour consécutif, dans différentes villes égyptiennes avec des actes de pillage et d'incendies. Les manifestants semblent déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu'à la satisfaction de leur principale revendication : «le départ de Hosni Moubarak». Le Président égyptien Hosni Moubarak a annoncé dans une allocution télévisée dans la nuit d'hier, vendredi, la formation d'un nouveau gouvernement dès aujourd'hui, samedi, et promis des réformes, après quatre jours de violentes manifestations antigouvernementales ayant fait au moins 27 morts. «J'ai demandé au gouvernement de démissionner et demain il y aura un nouveau gouvernement», a déclaré le Président égyptien dans un discours de onze minutes à la télévision publique. Les centaines de milliers de manifestants revendiquent, depuis mardi, le départ du Président Moubarak, avertissant quant à une probable transmission de la présidence à son fils aîné Djamel. Ils sont allés même plus loin en revendiquant : «Le peuple veut changer le régime.» Outre le changement du gouvernement, Hosni Moubarak a promis de redynamiser les réformes démocratiques.» «Il n'y aura pas de retour en arrière sur la voie des réformes que nous avons choisie, et nous avancerons avec de nouvelles mesures qui confirment notre respect de l'indépendance de la justice et plus de liberté aux citoyens», a-t-il annoncé. Sachant que ce sont surtout le chômage et les difficiles conditions socioéconomiques d'une grande partie des Egyptiens qui ont conduit à la révolte, Moubarak, 30 ans au pouvoir, a promis d'améliorer les conditions de vie des citoyens. «De nouvelles mesures pour endiguer le chômage, augmenter le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres seront prises», a ajouté le Président égyptien dans sa brève allocution. Il s'est, par ailleurs, engagé à mener d'autres réformes d'ordre politique. «Il y aura de nouvelles mesures pour une justice indépendante, la démocratie, pour accorder plus de liberté aux citoyens, pour combattre le chômage, augmenter le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres», a-t-il annoncé. Il s'agissait de sa première allocution publique depuis le début, mardi, du mouvement de protestation le plus important depuis son arrivée au pouvoir. Hier, devant l'ampleur des manifestations, le Président égyptien a demandé à l'armée, épine dorsale de son régime, de faire respecter la sécurité avec la police qui semblait débordée par la mobilisation populaire sans précédent. Le couvre-feu a été décrété au Caire, à Alexandrie (nord) et à Suez (est) entre 18h (16h GMT) et 07h (05h GMT), et ce jusqu'à nouvel ordre. Le gouvernement a aussi coupé tous les moyens de communication. L'Internet et les services de téléphonie mobile, qui ont joué un rôle-clé dans la mobilisation populaire, étaient en effet coupés dans le pays. Une première mondiale par son ampleur pour l'Internet, selon des experts.