De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Tandis que les pouvoirs publics s'attaquent au sauvetage des entreprises dont le rendement est quasi assuré pour l'économie du pays, quelques unités et filiales de production seraient en voie d'extinction. On exhumera le cas du Comamo, ce géant du mobilier qui a fermé ses portes à 800 travailleurs en 1998 et dont les locaux ont été attribués à la Sûreté de wilaya. Cette fermeture et cette liquidation étant restées en travers de la gorge non seulement des travailleurs mais pour toute la région qui perd une unité de production, déracinée du maillage industriel local. Et ce n'est qu'après coup que les langues se sont déliées pour «se repentir» sur ce gâchis pour le moins insurmontable. La sonnette d'alarme sur le sauvetage des entreprises publiques, du moins «potentielles», arrive en retard, estiment quelques spécialistes. Mieux vaut tard que jamais ? La capitale de l'Est est en phase de redresser son pôle par excellence, la mécanique. C'est la mesure, voire la facture à payer par les pouvoirs publics qui ont ciblé des points industriels stratégiques allant de concert avec le développement économique en vue de ranimer quelques secteurs. Le Complexe moteurs et tracteurs (CMT) d'Oued Hamimime à Constantine étant le premier bénéficiaire de ce renouveau… Le pôle économique attractif à Constantine demeure sans conteste le secteur de la mécanique. Tout se joue à Oued Hamimime et à Aïn Smara (Complexe pelles et grues). Le premier est spécialisé dans la construction de moteurs et de tracteurs et le second des pelles, des grues et des chargeurs. La dernière visite du ministre de l'industrie dans la capitale de l'Est algérien aura donné quelques espoirs quant à la consolidation financière de ces unités qui soufflaient le chaud et le froid. Oued Hamimime ne parvenait plus à vendre ses produits faute d'une stratégie commerciale appropriée répondant aux nouvelles formes de management. La bouée de sauvetage accordée par la tutelle se traduisant par le soutien aux entreprises nationales dont a bénéficié le CMT, fractionné en deux unités distinctes, moteurs et tracteurs, avec notamment 5 milliards de dinars, outre l'effacement de ses dettes, vise à booster et épargner à cette fierté industrielle un effritement. «Par ces mesures, il est question d'établir un plan de charge conséquent apte à suivre le marché des ventes afin d'éviter les erreurs du passé qui ont vu les productions stagner sans trouver acquéreur», explique un membre actif de l'Union générale des travailleurs algériens. Toutefois, les contrats élaborés, notamment avec le secteur de l'agriculture, permettront à coup sûr aux unités de se maintenir en activité et ce, en attendant d'autres perspectives ayant trait au développement des produits proposés. Quoi qu'il en soit, l'entreprise a assuré les salaires des travailleurs et a évité de justesse le K-O. à la faveur de la manne ministérielle entrant dans le cadre du soutien aux entreprises considérées comme des «fleurons» de l'industrie algérienne, mais ébranlées… De l'autre côté du chef-lieu, à Aïn Smara, il va falloir songer à une restructuration du CPG. Selon des sources émanant des travailleurs, une réorganisation pourrait le faire éclater en filières et unités. Dès lors, d'autres perspectives de recrutement pourraient voir le jour, confirment ces mêmes sources. En somme, le pôle mécanique envisage un bon redémarrage en 2010 avec, à la clé, «un plan de charge prédéfini» permettant une production et, par ricochet, une vente infaillible. Pour évoquer d'autres types de sociétés, il importe de souligner que la cartographie des entreprises publiques à Constantine enregistre quelques secteurs fragiles tout comme dans le secteur du bâtiment, qui a vu l'extinction de deux entreprises sur les quatre existantes. Contrairement au secteur des travaux publics, à l'image de l'EPTP qui garde la tête en dehors de l'eau dès lors qu'elle intervient et participe de façon remarquable aux différents projets de développement de la wilaya. Avec un effectif de plus de 1 072 travailleurs (arrêté en 2008), réparti entre cadres, agents de maîtrise et d'exécution, la société, selon ses travailleurs, reste productive grâce au renouveau qu'elle injecte au fil des années. Autrement dit, l'Entreprise publique des travaux publics puise dans le réservoir des meilleurs instituts pour dénicher des ressources humaines adéquates et ce, depuis «la mise en place d'un dispositif de développement durable s'articulant sur la formation du personnel et l'acquisition de méthodes de management récentes». Le secteur agroalimentaire vit une situation critique au niveau de la filiale des boissons gazeuses (BGA) implantée dans la commune de Didouche Mourad. A l'arrêt depuis octobre 2008, cette unité, endettée de 20 milliards de centimes, espère une solvabilité. «Le déficit est engendré par un cumul des dettes…», soutient notre source en exhibant les cinq correspondances adressées aux différents secteurs compétents pour trouver une issue à cette entreprise dont les 70 travailleurs qui la composent sont sans salaire depuis 11 mois. «Soit on libère les ouvriers, soit on songe à une cessation à leur profit», a-t-il ajouté. Cette dernière supposition demeure la plus revendiquée pour donner un second souffle à l'usine qui, dans un passé récent, détenait le monopole avant que le terrain ne soit investi par le privé et, un peu plus tard, par des marques étrangères. Jusque-là, le sort des travailleurs n'est pas connu. Et les requêtes se multiplient au niveau de l'UGTA pour tenter la sauvegarde des emplois. Du moins, le malaise qui a frappé les entreprises publiques à Constantine était d'ordre managérial. D'aucuns estiment que le manque de ressources humaines qualifiées faisait sombrer les unités de production sans oublier les quelques concurrences, parfois déloyales et «préfabriquées», qui ont fait en sorte que les clefs soient mises sous le paillasson…