Protesta n Des centaines de jeunes Soudanais ont manifesté hier à Khartoum dans le cadre d'une Journée nationale de protestation antigouvernementale, malgré un important déploiement des forces de sécurité. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées, et le Président Omar Al-Béchir a limogé un directeur d'université. Selon l'opposition, les affrontements ont fait cinq blessés. Le chef de l'opposition soudanaise Yassir Arman a dénoncé dimanche l'«agressivité» des forces de sécurité contre les manifestations anti-gouvernementales envers les étudiants et demandé la fin du règne du parti unique dans le nord du pays. «L'agressivité avec laquelle les forces de sécurité, la police et les membres du parti au pouvoir (le Parti du Congrès national, ndlr...) ont traité les manifestations pacifiques d'étudiants et de jeunes gens (...), les coups et les arrestations (...) ne feront que mener à davantage de désordre», a dit M. Arman dans un communiqué. Ce dernier, à la tête de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes), a également réclamé la libération des manifestants arrêtés, l'arrêt de la hausse des prix et une nouvelle Constitution «pour résoudre la crise». «Quiconque travaille dans le champ politique et a une vision d'ensemble reconnaît que le Soudan, tout comme le monde autour de nous, n'est plus au stade du gouvernement à parti unique. Continuer dans cette situation n'est pas possible», a ajouté ce leader du SPLM, principal rival d'Omar El-Béchir à la présidentielle de 2010. Le scrutin avait été boycotté par un pan important de l'opposition, qui dénonçait des élections truquées, et — partiellement — par les ex-rebelles sudistes du SPLM. Ces manifestations ont eu lieu le jour de l'annonce des premiers résultats préliminaires complets du référendum au Sud-Soudan, qui ont confirmé le raz-de-marée en faveur de la partition, une perspective assez mal vécue au Nord. La séparation annoncée, ajoutée aux difficultés économiques croissantes et à l'inquiétude sur l'évolution du régime islamiste de Béchir après l'indépendance du Sud non musulman, a provoqué de nombreuses manifestations ces dernières semaines. Mais ces mouvements sont restés sporadiques, les forces de sécurité maintenant un contrôle étroit de la société. A Khartoum, des centaines de jeunes ont manifesté près du palais présidentiel en scandant : «Nous voulons du changement ! Non aux prix élevés». Près du centre-ville, à la faculté de médecine, les services de sécurité ont tenté d'empêcher environ 300 manifestants de quitter le campus. Ces derniers ont cependant réussi à se répandre dans les rues aux cris de «Révolution contre la dictature !». Mais la police les a attaqués à coups de bâtons, procédant à plusieurs arrestations et forçant les étudiants à réintégrer le campus. Un bref communiqué de l'agence officielle Suna a annoncé peu après le limogeage du directeur de l'université, Mustafa Idris El-Béchir.