Durant toutes ces années, d'importantes sommes d'argent ont été octroyées à diverses instances ou institutions chargées de mener, de manière efficace, la politique relative à la réhabilitation de ce tissu urbain. Mais il se trouve que cette politique s'est soldée par un échec. «Beaucoup d'argent a été effectivement dépensé pour assurer la restauration», dira Abdelwahab Zekar, directeur général de l'Office national de la gestion et de l'exploitation des biens culturels protégés. Celui-ci est chargé de mener à bon terme la réhabilitation de La Casbah, en lui redonnant une vitalité aussi bien sociale, économique que culturelle. Abdelwahab Zekar, qui s'exprimait, hier, sur les ondes de la Chaîne III, reconnaît que ces dépenses ont été un gâchis. La politique de restauration de La Casbah s'est révélée durant tout ce temps un véritable gouffre financier et n'a pas porté ses fruits. Certains, d'ailleurs, parlent de détournements, une question que Abdelwahab Zekar a esquivée, imputant cet échec à la mauvaise gestion. «Il y a eu beaucoup d'erreurs qui ont été commises», explique-t-il, et de souligner : «Les interventions sur le site n'ont pas été faites de façon réfléchie, même les techniques et les matériaux de restauration n'étaient pas adéquats.» Abdelwahab Zekar avance une estimation de 2 400 milliards de dinars consacrés, depuis 1962 à ce jour, à la restauration de La Casbah. Un chiffre mirobolant, astronomique. «Notre office qui est chargé désormais de restaurer La Casbah et l'inscrire dans une politique de sauvegarde, prendra acte de ce qui a été fait par nos prédécesseurs, que ce soit par l'Etat ou par les collectivités locales. Nous avons tiré les leçons du passé.» Ainsi, La Casbah bénéficie d'un plan de sauvegarde permanent finalisé qui agira sur l'ensemble du tissu urbain. «On s'attaquera à l'ensemble de La Casbah», a-t-il dit, et d'expliquer : «On agira sur tous les flancs, ça ne sera pas une maison ou un quartier pilote. La restauration concernera tout le tissu urbain.» Pour ce faire, l'Etat va dégager des sommes pour apporter des aides financières aux propriétaires ou pour les aider à restaurer leur maison. L'Etat procédera aussi à l'achat des maisons de ceux qui veulent s'en désister ou de parcelles de terrain pour les reconstruire, a-t-il expliqué. «L'Etat, à titre exceptionnel, est prêt à recourir à la loi d'expropriation pour utilité publique au cas où les propriétaires refuseraient de restaurer leur maison ou bien envisageraient de les démolir pour reconstruire des habitations modernes», explique-t-il. Le plan de restauration de La Casbah s'organise autour de trois étapes : il y a eu l'étude estimée à 25 millions de dinars, ensuite les mesures d'urgence entreprises par l'Office dont le coût est évalué à 900 millions de dinars. «La troisième étape s'étale sur 105 hectares et concerne 1 816 maisonnettes et 776 maisons. Toutes seront restaurées, ainsi que 9 000 m2 de passerelles vides à reconstruire», indique-t-il. «On va injecter beaucoup d'argent pour les travaux de restauration, au total plus d'une cinquantaine de milliards de dinars seront accordés à notre politique de sauvegarde», précise-t-il. Globalement, la restauration de La Casbah d'Alger nécessite une enveloppe de 56 milliards de dinars. Mais, pour que cela soit opérationnel, le plan de sauvegarde permanent finalisé, qui passera en Conseil interministériel, doit, a priori, être soumis à l'approbation du gouvernement, comme il doit être aussi approuvé par l'APW d'Alger. S'exprimant sur le devenir du site archéologique découvert à la place des Martyrs, il a affirmé qu'il ne sera pas touché par les travaux du métro qui ont permis de le mettre au jour. Le métro, qui devait initialement traverser cette place à 19 mètres de profondeur, le fera à présent à 34 mètres afin de sauvegarder des vestiges datant de plusieurs siècles. Les usagers du métro pourront à l'avenir admirer ce site qui sera préservé et fera partie du décor de la station.