La révolte populaire réclamant depuis dix jours le départ du Président égyptien a viré à l'affrontement armé. Ayant éclaté hier au lendemain du discours de Moubarak, qui a annoncé son intention de ne pas briguer un sixième mandat, les violences ont repris ce matin entre partisans et opposants du Président. Demain, vendredi, risque de connaître de nouveaux dérapages au cours des manifestations massives prévues par l'opposition. Après une brève accalmie à la tombée de la nuit, la tension s'est ranimée vers 4h (2h GMT), lorsque des supporters de Moubarak ont tiré sur des manifestants qui campaient sur la place, lieu symbolique de leur révolte. Après une heure de tirs intenses, les chaînes de télévision ont montré deux cadavres évacués en étant traînés par les pieds. Installés sur un pont surplombant la place, des partisans de Moubarak continuaient de lancer régulièrement des cocktails Molotov en direction des manifestants retranchés derrière des barricades de fortune. Peu avant le lever du soleil, la télévision a montré des véhicules militaires, qui se déployaient parmi les manifestants sans dissuader les assaillants. Tout au long de la journée d'hier, les deux camps s'étaient affrontés à l'aide de pierres, de cocktails Molotov et de bâtons, maintenant une atmosphère explosive dans le centre du Caire. Les opposants au régime de Moubarak, dont 2 000 se trouvaient hier soir encore sur la place Tahrir qu'ils occupent depuis 10 jours, ont affirmé que leurs agresseurs étaient des policiers en civil. Mais le ministère de l'Intérieur a réfuté ces accusations. «Les violences place Tahrir vont faire l'objet d'une enquête», a-t-il annoncé aujourd'hui, cité par la télévision publique. Celle-ci a également rapporté que le vice-président égyptien, Omar Souleimane, a commencé le «dialogue» avec «les partis politiques et les forces nationales», sans plus de précision sur les interlocuteurs concernés. Dans un autre bandeau, la télévision a cité le Premier ministre Ahmad Chafic, disant : «Nous nous réunissons aujourd'hui avec les représentants des partis d'opposition et des forces nationales pour trouver une issue à la situation actuelle.» M. Souleimane, qui vient d'être nommé vice-président, avait annoncé lundi avoir été chargé par le Président Moubarak d'ouvrir un dialogue immédiat avec l'opposition. Le bilan des affrontements de ce matin passe à cinq morts portant à huit le nombre de décès au cours de ces dernières 24 heures.