Mesures n Qu'est-ce qui manque à la jeunesse algérienne si ce ne sont des espaces où elle pourrait s'exprimer, traduire ses objectifs et ses choix. Bab el-Oued, un quartier symbole, plus de 200 000 habitants, manque cruellement d'infrastructures pour les jeunes : ni centres culturels ni maisons pour les jeunes. Seul espace existant et qui accueille la jeunesse est celui de l'association culturelle S.O.S Bab el-Oued. Il se trouve qu'un seul espace ne peut suffire à répondre aux demandes, de plus en plus croissantes. «La jeunesse algérienne a besoin d'écoute, qu'on s'intéresse à elle», dira Nacer Meghnine, qui ajoute : «Notre jeunesse regorge de vitalité, d'énergie créatrice, il suffit juste de la canaliser, de concentrer son ardeur sur des projets culturels, car la culture contribue au développement social et, du coup, à l'épanouissement psychologique et intellectuel de l'individu, ainsi son rôle est l'éveil, la sensibilisation et l'engagement.» Nacer Meghnine déplore que dans un quartier comme Bab el-Oued, il n' y ait pas d'espaces pour les jeunes. «On reconnaît que l'Etat ne peut pas répondre à toutes les demandes, mais il est possible d'ouvrir des espaces permettant aux jeunes de se rassembler autour de projets culturels», dit-il. «Nous demandons aux pouvoirs publics de prêter une attention particulière à notre jeunesse, sachant que celle-ci n'est nourrie d'aucune revendication politique», ajoute-t-il. Nacer Meghnine estime que la jeunesse algérienne, notamment celle de Bab el-Oued, cherche à s'épanouir. Pour ce faire, il lui faut des structures où elle sera dans la capacité de s'accomplir à travers des actions culturelles et artistiques. «Notre but, celui de l'association, consiste à transformer les convictions en action et ce, à travers des initiatives. Il faut libérer les initiatives individuelles, aider les jeunes à aller de l'avant en leur offrant la possibilité de s'épanouir, et plus de possibilité à s'exprimer.» Nacer Meghnine estime nécessaire de favoriser l'épanouissement intellectuel et psychologique des jeunes et cela passe par la mise en place de structures favorables à la réussite de l'action de chacun. En outre, Nacer Meghnine, pour qui les associations sont considérées comme une passerelle entre la jeunesse et les pouvoirs publics, estime la nécessité d'associer les mouvements associatifs aux côtés des pouvoirs publics dans l'action sociale, laquelle ne peut se faire que conjointement. «Les pouvoirs publics travaillent toujours seuls, sans prendre la peine d'assimiler les associations à leur politique», regrette-t-il. «Il y a pourtant eu récemment une rencontre avec le maire de Bab el-Oued. Nous avons parlé des préoccupations des jeunes, de la nécessité d'ouvrir des espaces afin qu'ils puissent développer leurs talents. Prochainement, nous nous entretiendrons avec le wali-délégué. Nous souhaitons une entrevue avec le wali pour discuter des besoins de la jeunesse», conclut-il. L'association S.O.S Bab-El-Oued mène, depuis sa création dans les années 1990, un travail de proximité dans le but de rapprocher la culture de la population, de sensibiliser les jeunes à la culture et ce, autour de divers projets (cinéma, musique, écriture…) et donc de les faire participer à l'action sociale, à changer les habitudes qui, d'abord, passent par le changement des mentalités. «Nous n'avons pas de subventions. Les seules que nous recevons se présentent sous forme de projets, c'est-à-dire que nous travaillons en partenariat avec des organismes internationaux, et ce sont eux qui financent nos projets, une fois validés», précise Nacer Meghnine qui appelle à une mise en place d'une politique en faveur de la jeunesse. «Notre jeunesse pétille de vie, elle a des capacités et recèle des talents, il suffit juste de mettre en place une politique allant dans ce sens», dit-il.