Après un long combat et de lourdes et d'immenses responsabilités à assumer, l'association vient d'acquérir un nouveau local... Le 10 novembre 2002, à Bab El-Oued, si les «plaies» de la ville ont été recouvertes, celles de ses habitants ne le sont pas encore, et restent toujours béantes. Tout le monde se souvient encore de cette tragédie qui a fait des centaines de victimes, laissant derrière elle des orphelins et des veuves esseulées. Pour commémorer cette «catastrophe», plusieurs manifestations ont eu lieu, dimanche dernier. Entre galas artistiques animés un peu partout dans la capitale, il y a lieu de s'intéresser à une association en particulier, «SOS culture Bab El-Oued», présidée par le grand et dynamique Nasser. Celle-ci active depuis cinq ans et oeuvre pour la protection et la défense des droits de ses habitants. Elle n'a pas attendu les inondations pour bouger. Cinq années de galère en travaillant dans un minuscule et vétuste local, mais qui a grandement servi aux enfants en leur octroyant des cours de soutien et autres. Fidèle à la simplicité et la modestie qui la caractérise, l'association a voulu marquer ce triste événement à sa manière. Aussi, elle organise une cérémonie de recueillement dans son nouveau local, flambant neuf. «On voulait faire coïncider la commémoration du 10 novembre avec l'inauguration du siège et en faire une symbolique. Le 10 novembre 2001 a été pour nous un désastre, ici à Bab El-Oued. On a mal digéré ce qui s'est passé. Une année s'est écoulée et la population reste encore traumatisée. Pas plus tard que jeudi, explique-t-il, avec la pluie qui est tombée, les gens ont caché leurs voitures et sont rentrés chez eux. Ils n'ont plus confiance!». Sans vouloir remuer encore le couteau dans la plaie, Nasser se demande ce que fera l'Etat concrètement, et quelles sont les mesures qui ont été prises, si cela venait à recommencer. Il se dit cynique et nous présente des bénévoles qui ont été d'un grand secours l'année dernière. Depuis, ils ont adhéré à l'association et ont juré d'aider leurs prochains. «Depuis le 10 novembre, on a été poussé à prendre d'immenses responsabilités et à y faire face. On n'avait pas d'expérience dans le domaine humanitaire et de la solidarité. Un nouveau créneau qui vient s'ajouter à notre mission.», confie Nasser. Comme son nom l'indique, l'association offre un espace de culture, un réseau d'acteurs, d'actions et d'échanges culturels en faveur de la jeunesse algéroise afin de l'aider à se situer au sein de la société. Elle procure à ces jeunes, les outils nécessaires à cette démarche. Des activités diversifiées sont proposées pour accroître leurs capacités dans tous les domaines bénéficiant de l'aide de Caritas, un organisme qui dépend du Secours catholique, l'association a à sa charge une centaine de familles victimes des inondations. Son nouveau local abritera, désormais, une salle de danse hip-hop (les hommes le matin et les femmes l'après-midi), une salle de répétition et propose aux jeunes, en difficulté scolaire, des cours de soutien plus internet. «On a la joie d'être ensemble ici, dans ce local, grâce à une assistante sociale qui a travaillé pendant 30 ans dans le quartier et qui s'appelait Mlle Gabi Cotenco. Cette personne est morte l'année dernière au mois d'octobre. Elle a continué à travailler, jusqu'au samedi soir 2h30, puis on l'a emmenée à l'hôpital. Elle est morte. Nos amis de Bab El-Oued qui la connaissait, sont venus à la prière qu'on a faite à El-Biar à sa mémoire...Et depuis, on est une association, SOS culture Bab El-Oued. Si un jour vous avez besoin d'aide, venez nous voir!», dit Monseigneur Tessier. Ce soir-là, ils étaient nombreux, les amis de l'association à avoir répondu favorablement à l'invitation, en venant témoigner leur solidarité et exprimer leurs félicitations pour l'acquisition de ce nouveau local. Car «on va investir sur les enfants, la génération de demain, c'est l'objectif de l'association», affirme Nasser. Etre citoyen, c'est participer à la vie de la commune. Et Bab El-Oued, c'est aussi un lieu où les gens savent rêver, produire, imaginer et communiquer. Un lieu enfin de partage où règne une extraordinaire générosité.