Le séjour que le Président égyptien pourrait effectuer en Allemagne serait officiellement expliqué par des raisons médicales. Mais en réalité le «bilan médical prolongé», selon la presse allemande, pourrait constituer une solution négociée à la crise que traverse l'Egypte. Aussi bien la presse américaine, qu'allemande et belge évoquent cette possibilité à laquelle ne s'opposeraient apparemment pas les Allemands en vue d'aménager une sortie «honorable» à Moubarak. Le quotidien évoque des réflexions «concrètes» en faveur d'une telle solution de repli. «Les réflexions sur un possible séjour hospitalier de Moubarak en Allemagne sont plus concrètes que ce que l'on croyait jusque-là», selon le site en ligne de l'hebdomadaire Der Spiegel. «Des discussions préparatoires avec les hôpitaux adéquats sont en cours, en particulier avec la clinique Max-Grundig à Bühl dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest de l'Allemagne)», écrit Spiegel Online en citant des sources proches de cette clinique. La rumeur d'une possible venue du Président égyptien dans un établissement médical allemand court depuis plusieurs jours dans les médias. Interrogé hier, lundi, sur une telle éventualité, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a répondu qu'il n'y avait eu «ni demande officielle, ni demande officieuse concernant un tel séjour». Toutefois, selon le quotidien américain The New York Times, les Etats-Unis seraient à la recherche d'une porte de sortie honorable pour Hosni Moubarak. L'une d'elles, qui est actuellement discutée entre l'Administration américaine et la haute hiérarchie de l'armée égyptienne, serait justement le départ de Moubarak vers l'Allemagne pour un «bilan de santé prolongé». Sur ce, la chancelière allemande Angela Merkel, préfère rester prudente, car elle n'apprécie sans doute pas la perspective d'un invité embarrassant, mais elle n'a pas dit non. Selon la Libre Belgique, une source gouvernementale aurait déclaré au journal allemand Bild am Sonntag qu'il ne s'agit pas de forcer Moubarak à aller en exil, tout en ajoutant «qu'en cas d'un traitement médical indispensable, nous l'autoriserions à venir». Plusieurs députés de la coalition se sont prononcés en faveur de l'accueil du Président égyptien. Sur le plan politique, l'affaire est plus délicate. Le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, le député CDU Ruprecht Polenz, estime que «pour des raisons humanitaires», on ne peut s'opposer à un traitement médical en Allemagne. Un autre député CDU, Andreas Schockenhoff, a avancé une raison plus politique : «Il faut une transition pacifique en Egypte. Si l'Allemagne peut y apporter une contribution positive, nous devrions accueillir Moubarak, s'il le désire.» Elke Hoff, porte-parole de la défense du groupe parlementaire libéral, «saluerait sa venue qui ne serait pas un exil». En revanche, les trois partis d'opposition, sociaux-démocrates, verts et Die Linke n'ont pas pris position. Pour rappel, Moubarak avait subi en mars 2010 une ablation de la vésicule biliaire et s'est fait retirer un polype du duodénum à la clinique d'Heidelberg (sud-ouest).