Pesanteur n C'est le septième hiver pour les familles occupant les chalets. Une énième rude épreuve où ils doivent combattre le froid, l'humidité et les infiltrations des eaux de pluie. Mai 2003. Une catastrophe s'est abattue sur Boumerdès. Un terrible séisme a ravagé la wilaya faisant 2 047 morts, plus de 8 628 blessés et quelque 100 000 sans-abri. Les autorités rélèvent alors le défi de gérer au mieux une telle catastrophe. Et ce sans qu'il y ait de dérapages, notamment dans l'organisation des secours, la prise en charge des blessés mais aussi et surtout pour trouver un abri à des dizaines de milliers de familles, qui dormaient à la belle étoile. Il faut dire que même si des débordements ont eu lieu durant les premiers mois qui ont suivi le séisme, l'Algérie a fait preuve de responsabilité et a su faire face au drame qui l'a secouée. Des milliards de dinars ont été débloqués pour l'installation de chalets. Ces chalets devaient au départ abriter provisoirement les sinistrés en attendant l'achèvement d'un vaste programme de reconstruction dont a bénéficié cette wilaya. Qu'en est-il aujourd'hui, sept ans après le séisme ? Si les pouvoirs publics assurent que le dossier du séisme du 21 mai 2003 est définitivement clos, la situation sur le terrain révèle tout à fait le contraire. Les 15 000 chalets sont toujours occupés par des familles qui continuent à résister aux aléas d'une vie passée sous ces toits initialement destinés à les abriter pour une période provisoire, en attendant que les autorités organisent leur relogement. Mais voilà que, sept ans plus tard, ces familles s'entassent toujours à l'intérieur de ces chalets, bravant la promiscuité, les infiltrations des eaux pluviales, le froid et la dégradation des matériaux. Ce sont là des conditions insupportables et à l'origine de situations dramatiques : disputes, placement de certains membres chez des cousins faute d'espace, maladies diverses. En effet, vivre dans un chalet plus de six ans, alors que sa durée de viabilité est de 4 ans, au plus, ne peut être sans conséquence pour la santé de ses occupants. Le préfabriqué, c'est connu, lorsqu'il commence à se dégrader (canalisations et produits d'isolation) devient source de maladies très dangereuses. Ainsi dans ces chalets que nous avons visités, l'ambiance est, cet hiver, de plus en plus crispée. «On en a marre», une phrase qui revient le plus souvent sur les lèvres de tous les habitants des sites où sont implantés ces chalets, à Boudouaou, Corso et El-Karma (ex-Figuier).