Cinéma n Le rideau s'est levé, jeudi, à Berlin, sur la 61e Berlinale avec seize films en compétition pour l'Ours d'or, décerné par un jury majoritairement féminin présidé par Isabella Rossellini. C'est le western des frère Coen, True Grit fidèlement adapté du roman de Charles Portis – la vengeance d'un père par sa toute jeune fille – qui a ouvert le bal. Le film, pour rappel, a déjà été porté à l'écran par Henry Hathaway en 1969 sous le titre Cent dollars pour un shérif. Le film, qui a cartonné aux Etats-Unis, totalise dix nominations aux Oscars, dont celles du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur acteur pour Jeff Bridges, qui reprend ici le rôle du shérif qui vient en aide à la fillette. Or, c'est déjà ce rôle qui avait valu à John Wayne le seul Oscar de sa carrière. «Le point fort, c'est que le film est tiré d'un roman et, quand c'est le cas, ça vous donne plus d'informations sur votre personnage», a confié, jeudi, Jeff Bridges, qui avait déjà tourné The Big Lebowski en 1998 avec les Coen. «Ce sont nos meilleurs réalisateurs. Ils rendent les choses tellement faciles que vous ne savez pas toujours ce qu'il y a derrière !» Les deux frères ont assuré n'avoir pas revu la version de 1969. «Nous avons fait le film par enthousiasme pour le livre. L'autre version filmée, ce n'était pas notre affaire», a indiqué Ethan. «Et si quelqu'un, dans 40 ans, s'intéressait à ce roman pour en tirer un film, en aucun cas il ne devrait prendre le nôtre en considération», a ajouté Joel. L'ambiance de la Berlinale demeure toutefois tendue en ce jour d'ouverture à cause d'un double cambriolage qui a visé un réalisateur allemand, auteur d'un documentaire sur l'opposant russe emprisonné Mikhaïl Khodorkovski. Ce film documentaire signé Cyril Tuschi, qui retrace le parcours de l'ex-patron du géant pétrolier Ioukos ennemi juré du Premier ministre russe Vlademir Poutine, sera présenté lundi dans la section parallèle Panorama. Pour la troisième fois depuis le Festival de Cannes en mai dernier et la Mostra de Venise en septembre, un des jurés manquera à l'appel de la Berlinale 2011 : le cinéaste iranien Jafar Panahi, condamné à six ans de prison et 20 ans d'interdiction de tourner pour avoir filmé des manifestants hostiles au régime en 2009. Ainsi, Berlin, qui fêtait jeudi l'ouverture de la 61e Berlinale, a gardé une chaise vide pour Jafar Panahi, membre du jury, en espérant que le cinéaste iranien la rejoigne d'ici au 20 février Caméra d'Or à Cannes, Ours d'Argent à Berlin et Lion d'Or à Venise, Jafar Panahi, 50 ans, honoré par tous les grands festivals de cinéma du monde, a reçu «une punition drastique pour un film qui n'existe pas», insiste le directeur de la Berlinale, Dieter Kosslick. La journée d'hier a été consacrée à ce cinéaste en projetant ses œuvres dans ses différentes sections.