L'armée égyptienne, à qui l'ex-Président a confié les rênes du pays, est confrontée à la tâche colossale de restaurer la stabilité tout en répondant aux aspirations au changement démocratique, mais a donné peu d'indications précises sur comment y parvenir. La prise en main du pays le plus peuplé du monde arabe par l'institution militaire a été annoncée, hier, dans la déclaration laconique du vice-président Omar Souleimane faisant état de la démission de M. Moubarak. Le Conseil suprême des forces armées est désormais chargé de «gérer les affaires du pays», a-t-il déclaré à la télévision. Ce Conseil est dirigé par le ministre de la Défense, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui. Hier, l'armée a assuré qu'elle ne voulait pas se substituer à la «légitimité voulue par le peuple» et précisé qu'elle annoncerait plus tard des «mesures» pour répondre aux demandes de «changements radicaux» des manifestants. L'incertitude règne toutefois sur la manière dont l'institution militaire, adepte du culte du secret, s'y prendra pour gérer le pays. Pour l'instant, elle ne s'est exprimée que par trois brefs communiqués lus à la télévision d'Etat. L'armée n'a pas dit non plus quel processus concret elle comptait instituer pour réformer un système dont elle est l'épine dorsale. «Le départ d'un homme n'est pas la fin de tout. Elle n'a pas non plus fait savoir si elle comptait poursuivre l'ébauche de dialogue engagé par le pouvoir finissant de M. Moubarak avec le puissant mouvement des Frères musulmans, bête noire du régime. L'armée hérite également d'un pays à l'économie gravement affectée par 18 jours de crise, déserté par les touristes, sa Bourse fermée et les investisseurs étrangers sur leurs gardes. L'armée égyptienne est forte de près de 470 000 hommes. Elle a donné à l'Egypte tous ses Présidents depuis le renversement de la monarchie en 1952.