Il a fini par céder. Hosni Moubarak a démissionné, hier, après dix-huit jours du plus violent mouvement de protestation, 300 morts et plusieurs centaines de blessés. Moubarak avait tout tenté pour se trouver une sortie honorable, mais le peuple égyptien n'a rien voulu entendre. Comme un seul homme, des millions ont scandé «Moubarak out».L'annonce de la démission de Moubarak, faite par le vice-président Omar Souleïmane à la télévision d'Etat, a fait exploser de joie des centaines de milliers de manifestants réunis un peu partout à travers le pays. Omar Souleïmane a précisé que le chef de l'Etat charge le conseil des forces armées de gérer le pays durant la période de transition. La veille, alors qu'il était toujours aux commandes du pays, Hosni Moubarak s'était adressé à son peuple, mais sans réussir à calmer les esprits. Hier, un peu partout dans le pays, des millions de manifestants se sont élevés contre ce discours. Ils ont rejeté l'annonce du Président de déléguer ses pouvoirs au vice-président Omar Souleïmane, exigeant le départ dans l'immédiat du chef de l'Etat. L'ex-président égyptien Hosni Moubarak avait annoncé, jeudi soir, qu'il déléguait ses pouvoirs à son vice-président, conformément à la Constitution, ajoutant qu'il demandait l'amendement de cinq articles de la Constitution et l'annulation d'un sixième. Pour sa part, Omar Souleïmane avait indiqué qu'il s'engageait à assurer une transition pacifique du pouvoir. Le vice-président avait, dans une déclaration télévisée, assuré que le mouvement des jeunes du 25 janvier a réussi un grand changement dans le processus démocratique du pays, invitant les jeunes manifestants à rentrer chez eux. «Le changement a commencé, les décisions constitutionnelles ont été prises», avait-il assuré ajoutant : «Je m'engage à (...) préserver la révolution des jeunes (...) et à réaliser les revendications du peuple.» Mais rien ne pouvait faire rentrer les Egyptiens chez eux que la démission de Moubarak. Ce dernier s'est retiré hier avec sa famille dans sa résidence secondaire de Charm Cheikh, laissant Le Caire au bord de l'explosion comme a prévenu l'opposant Mohammed El Baradei. Ce dernier a averti, jeudi dernier, que l'Egypte allait «exploser» et a affirmé que l'armée devait intervenir pour «sauver le pays». Mais la position de l'armée a déçu le peuple égyptien dans les deux communiqués qu'elle a diffusés hier. L'armée égyptienne avait annoncé son soutien aux réformes annoncées par Hosni Moubarak. Tout en assurant qu'il va garantir des «élections libres», le Conseil suprême des forces armées égyptiennes, qui s'est porté garant des réformes promises par le président Hosni Moubarak, a ensuite appelé à un retour à la normale dans le pays en mettant en garde contre toute atteinte à la sécurité nationale. Au moment où le communiqué des militaires était lu à la télévision d'Etat, les manifestants rassemblés devant le palais lourdement gardé, qui espéraient obtenir le ralliement de l'armée, ont laissé éclater leur colère. L'un d'eux avait crié : «Vous nous avez déçus, on avait mis tous nos espoirs en vous !» Mais même si l'armée a refusé de se mettre aux côtés du peuple égyptien, ce dernier, par sa détermination, a réussi à bouleverser la donne et à faire partir Hosni Moubarak. C'est dire que si un jour le peuple aspire à vivre, il faut que les chaînes se brisent. H. Y.