Liesse n Ce samedi matin, les Egyptiens accueillaient l'aube d'une nouvelle ère. Euphoriques, ils sont néanmoins inquiets et incertains quant à la suite des événements. Les Egyptiens fêtaient ce samedi la démission de Hosni Moubarak, chassé la veille par la rue, même si de lourdes incertitudes pèsent sur l'avenir du plus peuplé des pays arabes, dont les rênes ont été confiées à l'armée. Quelques milliers d'Egyptiens euphoriques étaient encore rassemblés en début de matinée sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier, dont beaucoup avait passé la nuit sur place. L'armée commençait à enlever les barricades et barbelés autour de la place. Les militaires s'attelaient notamment à retirer les barricades érigées près du Musée égyptien. L'armée, assistée dans ses efforts par des civils qui nettoyaient la place, retirait également les carcasses de voitures brûlées, traces des affrontements ayant opposé forces de l'ordre, pro et anti-Moubarak au plus fort de la révolte, qui a fait au moins 300 morts, selon l'ONU et Human Rights Watch. Certains chars stationnés au milieu des rues ont commencé à se ranger sur les côtés, mais d'autres étaient encore en position. Sur le pont menant à l'une des entrées de la place Tahrir, un groupe de jeunes dansaient, arborant des drapeaux égyptiens et arrêtant les voitures pour féliciter les conducteurs. Certains avaient la voix enrouée tellement ils avaient crié de joie après l'annonce que M. Moubarak, 82 ans, démissionnait et remettait les pouvoirs à l'armée. Mohamed Rida, un manifestant de 26 ans, espérait la formation rapide d'un «gouvernement civil». «Nous attendons un nouveau communiqué de l'armée. Nous ne voulons pas être gouvernés par des militaires. Nous aspirons à un gouvernement de coalition avec des gens expérimentés.» La presse gouvernementale égyptienne, qui affichait d'ordinaire un soutien sans faille à l'ex-Président Hosni Moubarak, a salué ce samedi la «Révolution des jeunes» qui ont «vaincu» le régime au terme d'une mobilisation sans faille. «Le peuple a fait tomber le régime», «les jeunes d'Egypte ont obligé Moubarak au départ», titrait en une Al-Ahram, poids lourd de la presse gouvernementale. Le quotidien va même jusqu'à saluer le site de socialisation Facebook qui a permis aux jeunes militants de relayer les appels à manifester. «La révolution de Facebook renverse Moubarak et les symboles du régime», écrit le journal, qui estime que le site de socialisation a joué le rôle de «siège du conseil du commandement de la révolution». Pour le journal gouvernemental Al Goumhouriya, «la popularité de Moubarak qui était basée (...) sur la défense des pauvres et des citoyens à faibles revenus s'est effondrée». «Le futur Président doit être transparent, il est de notre droit de connaître sa fortune avant et après sa prise de fonctions», ajoute-t-il, tandis que des rumeurs prêtent à Hosni Moubarak et sa famille une richesse colossale.