Interrogé ce matin par une radio périphérique française sur les bouleversements intervenus dans ces deux pays arabes, le ministre des Affaires étrangères tout en estimant que des influences étaient inévitables, a affirmé que la contagion sera limitée. Il a en outre déclaré que les marches qui ont été organisées ces dernières semaines ont démontré que leurs initiateurs sont minoritaires. «Je crois qu'il ne peut pas ne pas y avoir des influences ni sur l'Algérie ni sur les autres pays, y compris ceux qui ne sont pas dans cette région», a répondu ce matin le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci au journaliste de la radio Europe 1 qui lui a posé une question sur l'influence sur l'Algérie des bouleversements en Tunisie et en Egypte. Selon lui, cela est incontestablement la démonstration d'un soulèvement populaire de ces deux peuples qui n'est pas sans nous rappeler ce que nous avons vécu nous-mêmes en octobre 1988. «L'Algérie n'est pas la Tunisie, l'Algérie n'est pas l'Egypte», a-t-il, toutefois, affirmé. À une question de savoir si les peuples égyptien et tunisien avaient raison, le ministre a indiqué qu'il est difficile de parler à la place des peuples. «Les peuples sont respectables et sont eux-mêmes responsables de leur destin. L'Algérie a toujours respecté les autres, particulièrement quand il s'agit d'un mouvement populaire d'une aussi grande intensité», a-t-il dit. Interrogé sur la nouvelle marche à laquelle a appelé, hier, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd), M. Medelci a estimé que l'Algérie ne peut pas ne pas encaisser en termes de contrecoups. «Cela réveille un certain nombre de voix minoritaires. Les marches qui ont été organisées, il y a 15 jours et celle de samedi ont, en effet, démontré que ces mouvements sont minoritaires», a-t-il estimé. Le ministre des Affaires étrangères a, par ailleurs, indiqué que d'une élection en élection, ces minorités n'ont pas amélioré leurs scores et a supposé que de marche en marche elles ne feront pas mieux. Interrogé sur les personnes interpellées lors de la marche de samedi, il a assuré qu'elles ont toutes été relâchées après quelques heures. «Le ministre de l'Intérieur m'a confirmé personnellement qu'il ne restait plus personne en prison», a-t-il affirmé, ajoutant : «Je crois savoir que même le porte-parole de la coordination a confirmé qu'il n'y avait plus d'interpellés retenus par les services de sécurité. Les interpellations ont été faites à chaque fois à la suite de provocations», a-t-il expliqué. «La communauté internationale a constaté le sens exceptionnel de la retenue de nos services de sécurité qui ont reçu des coups qu'ils n'ont pas rendus», a-t-il ajouté. S'agissant de la demande de l'administration de Barack Obama, hier soir, aux forces de sécurité algériennes de faire preuve de retenue, il a indiqué : «C'est une déclaration que je considère plus comme prudentielle que comme un constat.» A une question sur la rente pétrolière qui profiterait «à une poignée d'amis du pouvoir, particulièrement des généraux», il a répondu : «Ceux qui considèrent que c'est le cas, n'ont qu'à apporter des preuves. Celles-ci peuvent être examinées dans le cadre d'un des processus que nous avons mis en place au niveau légal pour lutter contre la corruption. Mais personne jusqu'à présent n'a eu le courage d'apporter des preuves», a conclu le chef de la diplomatie algérienne, qui n'a pas manqué de rappeler que l'état d'urgence sera levé prochainement. «Je dis bien que la levée de l'état d'urgence interviendra dans les jours prochains.»